Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/81

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— Vous avez là, Madame, un beau prunier.

— Oui, il pousse ; mais je crois que c’est plutôt un pommier.

— Comment, tu n’es pas plus fixée que ça ?

— Je vais te dire : dès qu’il vient quelque chose, les moineaux aussi, et adieu !

— Il faudrait peut-être, dis-je, se tenir à côté, toute la nuit, avec une lanterne.

Cependant la vieille dame nous guide vers la maison. Elle a un peu l’air d’une bonbonne, la vieille dame, et roule en marchant. Mais l’œil est vif encore, la lèvre rouge ; et elle ressemble à sa fille — d’une façon terrible.

Ainsi serez-vous un jour, Nane ma mie, grosse, gémissante, dans un très petit jardin, armée d’un arrosoir vert ; et votre fille, s’il vous en est une survenue, ira vous faire visite, avec des messieurs.

Le salon est reluisant ; des ronds d’étoffe sont devant les sièges ; il y a deux tableaux de première communion pendus à la muraille ; et la pendule, sous un globe, fait socle à un de ces Grecs illustres dont l’anonymat de bronze ou de zinc reste, avec les menhirs, une des plus sombres colles qui se posent encore à l’érudition contemporaine.