Page:Toulmouche - Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198

que plus rapprochée de celle de l’ère gallo-romaine, malgré que M. de Caumont observe que ce mode de construction, en arêtes de poisson, se soit perpétué jusqu’au xie siècle, et qu’en Bretagne, ce qu’il ne dit pas, il a dû s’y continuer bien plus long-temps, puisqu’on en trouve des exemples dans des églises remontant aux xiiie et xive siècles, et qu’on découvre encore une disposition, presqu’analogue, dans le fond des cheminées des manoirs du xve[1].

Quoiqu’il en soit, ces murailles n’en permettent pas moins de retrouver et de suivre la trace de la primitive enceinte gallo-romaine, et d’après cela d’en reconstruire, en quelque sorte, le circuit dont la forme était à peu près celle d’un carré long, très-irrégulier, à angles arrondis[2] (V. la pl. XIV).

  1. Au ve siècle, dit M. de Caumont, la masse des populations restait romaine et les Barbares eux-mêmes subirent l’empire des conquérans. L’architecture de cette époque offre donc tous les caractères de celle romaine mais dégénérée, abâtardie, altération que les Goths, en s’emparant de l’Italie à la même époque, avaient déjà commencée, et qui s’étendit avec le style roman jusqu’aux xie et xiie siècles, au moins dans la Normandie et l’Angleterre.
    D’ailleurs, les armées romaines ne renfermaient pas des architectes de premier ordre, elles n’avaient que des ingénieurs et des ouvriers qui accompagnaient et précédaient les troupes, pour aplanir les routes, jeter des ponts sur les rivières, préparer les campemens, élever des retranchemens, des forteresses, sorte de corps du génie militaire qui dépendait du maître des offices.
    Dans l’église de Savenières, sur la rive droite de la Loire, on voit sur une partie de muraille qui, suivant M. de Caumont, remonte aux vie et viie siècles, une construction analogue à celle du petit appareil, mais à différentes hauteurs, de larges bandes de briques disposées en feuilles de fougère, avec trois petits cordons composés seulement d’un double rang de briquet posées à plat. (Pl. XLVI de l’Atals de l’ouvrage de M. de Caumont.)
    Dans l’architecture romaine et romane primitive, ajoute le même archéologue, lorsque, dans les édifices construits en moëllon, on s’est servi de pierres plates, elles ont presque toujours été rangées sur le côté et inclinées alternativement à droite et à gauche, ou formé une maçonnerie en feuilles de fougère et en arêtes de poisson, (fig. 9 de la pl. XLVIII de l’Àtlas du Cours de M. de Caumont.) Enfin, dans les constructions des viie, viiie et ixe siècles, on a quelquefois employé dans les murailles des briques semblables à celles des constructions romaines. (Page 163 du même ouvrage, Ère Gallo-Rom.)
  2. Les camps romains, véritables villes fortifiées, dans l’enceinte desquels les troupes passaient leurs quartiers d’hiver, étaient carrés ou oblongs, à angles arrondis ; mais les