Page:Toulmouche - Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205

velle place de la Trinité ; outre qu’on reconnait encore, dans la maçonnerie de ce mur, les anciennes briques empruntées évidemment à des constructions bien plus antiques.

« Celles qui nous restent de l’époque romaine, dit M. de Caumont, ne consistait ordinairement que dans des débris de murailles enfoncées sous terre, ruinées qu’elles ont été par les Barbares et par les matériaux qu’on en a retirés pour d’autres constructions[1]. »

En étudiant avec le plus grand soin la coupure faite au bas de la rue du Cartage, dans toute la hauteur du mur qu’on vient d’y découvrir, on sera peut-être porté à croire que la porte Aivière (Aquaria) devait se trouver dans la direction de la tour d’Apigné, peu loin du pont de l’Ila[2], et non point vers l’extrémité ouest de l’hôpital Saint-Yves, comme l’a indiqué Hevin dans son plan qui est le plus ancien de la ville.

Ce mur qu’on voit se diriger d’un côté vers ce dernier établissement, et de l’autre vers la rue actuelle de la Poissonnerie, autrefois dite de Rohan[3], où, peu loin du pont de Nemours, il change de direction, et

  1. Les constructions romaines, dit le même auteur, détruites la plupart par les Barbares, aux ive et ve siècle, n’ont cessé d’être exploités depuis cette époque et de fournir des matériaux pour d’autres, et l’on se figure à peine quelle prodigieuse quantité de monumens antiques ont été renversés dans les siècles suivans, surtout dans les xiie, xiiie et xive où l’on bâlit tant d’églises, et plus tard aux xvie et xviie siècles, où les villes sacrifièrent leurs monumens les plus précieux pour se procurer des places plus vastes et des rues plus larges et mieux alignées.
    C’est ainsi que même, dès le viie siècle, Charlemagne avait permis d’abattre les murs gallo-romain pour y prendre des matériaux pour la construction des oratoires, des chapelles et des églises ; qu’au ixe, Louis le Débonnaire avait également accordé à Ebhorn évêque de Rheims, les murs de la cité, pour l’agrandissement et la réparation de l’église cathédrale de Notre-Dame, et fait d’autres concessions analogues, comme de permettre aux moines de Saint-Martial de Limoges, d’employer les pierres de l’amphithéâtre de cette ville à construire leur église. (Cours d’Antiquité Mon., 5e Partie, page 57.)
  2. Ce pont était nommé de l’Ile, à cause de l’ilot auquel il donnait passage. Il avait également été appelé pont de la Porte-de-Vilaine, à laquelle il aboutissait à peu près vers le bas de la rue du Cartage. Cette porte avait remplacé celle dite Aivière. (V. Histoire de Rennes, par MM. Ducrest de Villeneuve et Maillet, page 161.)
  3. L’ancienne rue de la Poissonnerie comprenait tout le bout parallèle à la rivière qui faisait suite à la rue des Juifs, et s’étendait, depuis le côté Est de l’extrémité du pont de l’Ile regardant la rue du Cartage jusqu’au bas de la rue de Rohan, tandis que la rue