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autre grande voie romaine venant de Coutances et de Bayeux, et passant au Mont-Saint-Michel. Ce dernier, au xie siècle, n’était pas isolé comme il l’est aujourd’hui, mais sur un promontoire : « Quœ silicet constituta est in quodam promuntorio littoris Oceani. » (Glaber Rodolphe.)

M. de Gerville s’est appliqué à prouver (p. 13 du même Mémoire) par les documens historiques les plus précis, qu’il passait une grande voie (via publica), sur laquelle existait un droit de péage pour les marchands allant de Bretagne en Normandie, comme il a pu s’en assurer par des actes ou chartes de l’abbaye de Montmorel, d’autres antérieures, par de semblables de Robert Dumont, abbé du monastère du Mont-Saint-Michel, et enfin par des extraits de la tapisserie de Bayeux.

Ensuite, la voie depuis Paluel, à l’Ouest de Roz-sur-Couesnon, se portait sur Trans, puis à travers la forêt de Villecartier, passait à l’Ouest de la commune de Bâzouges-la-Perouse, dans celle de Marcillé et de là dans celle de Feins, qu’il regarde comme ayant été le Fines de l’itinéraire d’Antonin, ce qui est encore contesté, suivant M. Bizeul [1], malgré qu’il

  1. Pour prouver combien l’on est peu fixé sur la véritable position de l’Ad fines, qu’il me suffise de faire connaître, dit cet antiquaire, la diversité des opinions émises à ce sujet.
    Samson plaça Fines à Pontorson ; l’abbé Gallet l’a critiqué sur les distances qu’il a fournies, sur les lieux où il établit les stations romaines, et croit qu’il convient mieux à Fougères qui était sur les confins des Radones et des [illisible]. Son avis a prévalu a Dom Morice, dans son Histoire de Bretagne, l’a adopté. Aussi donne-t-il la plus singulière ligne pour aller de Condate à Cosedia (Coutances). Antérieurement à 4750, le président de Robien, ch. xii de ses Recherches sur la Bretagne (Manuscrits de la Bibliothèque de Rennes), avait signalé dans les landes de Romazy, un fragment de voie qui se rendait à Feins, sans savoir qu’il s’y croisait avec la voie d’Alauna.
    Dauville, dans sa Notice des Gaules, qui n’avait point trouvé entre le bourg de Feins et Rennes, la distance de XXIX marquée par l’itinéraire entre Ad fines et Condate, repousse la conjecture de Samson, mais vint le placer faussement à un petit bourg nommé Wines ou Humes, au delà de Pontorson, afin de pouvoir en changer le W ou l’HU en F et en faire Fines.
    L’abbé Déric (Histoire Ecclésiastique de Bretagne, 4777, page 9) a battu en brèche celte opinion et établit l’Ad fines à Feins.
    Suivant M. Bizeul, le fragment de voie romaine de deux lieues de long, reconnu dans les landes de Romazy, en dit plus que tout ce qui précède et juge la question. (Note de M. Bizeul.)