Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/145

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fenitch vous prie à dîner chez lui dimanche.

— Je n’irai pas chez ce ventru. Il n’aurait qu’à servir un splendide poisson apprêté au beurre rance… Qu’il reste avec Dieu !

— J’ai rencontré Fedocie Mikhaïlovna, reprit Mitia.

— Quelle Fedocie ?

— Hé ! la Fedocie du pomiéstchik Karpentchenko, du seigneur qui a acheté Mikoulino aux enchères. Fedocie est de Mikoulino. Elle vivait à Moscou de son état de couturière et payait régulièrement une dîme annuelle de cent quatre-vingt-deux roubles, cinquante kopeks. Adroite comme elle est, elle avait beaucoup de commandes et vivait à l’aise à Moscou. Karpentchenko l’a fait venir au village, et la retient sans emploi. Elle voudrait se racheter, mais le bârine ne se décide pas. Vous qui connaissez Karpentchenko, vous pourriez lui en parler, mon oncle… Fedocie paierait un bon prix.

— Tiré de ta poche, n’est-ce pas ?… Bien, je lui parlerai. Seulement, je ne sais pas, continua le vieillard avec une expression mécontente, ce Karpentchenko est un faiseur : il achète des billets à effets, des propriétés aux enchères, il prête à la petite semaine. — Qui est-ce qui l’a amené dans le pays ? Ah ! ces étrangers ! Ce