D’UN SEIGNEUR RUSSE. 99
autre vieillard, André Poutyr, que-la dame a attaché au puisage de la fabrique de papier ; on ne fabriquait pas. Poutyr disait lui-même que c’·est un péché de manger un pain qu’on 11’a pas gagné, et en même temps il rêvait récompense ; c’est qu’il avait un neveu scribe dans le comptoir de la barynia’, et celui-ci avait promis de parler de lui à la dame, d’obtenir pour lui je ne sais quoi. Il a rempli sa promesse, il a parlé, et l’oncle Poutyr est tombé aux pieds du neveu.... j’étais là.
— Laissons. Tu as une famille ? tu as été marié ? — Non, monsieur, impossible. Tatiana Vacilievna, Dieu lui puvre le ciel, je le veux bien ; la feue maîtresse ne permettait à personne ici de se marier. Il lui arrivait de dire, même - devant le prêtre : ·· Dieu me préserve de souiïrir cela ! moi je suis demoiselle, et je vis ; je reste fille.... Et qu’est-ce que Fest donc ? et sont-ils gatés, et qu’est-ce qu’ils veulent en-Col’C ’ ! ·· ··
— De quoi vis-tu ? reçois-tu des gages, un salaire fixe ? — Un salaire ! Eh ! bàrine, on nous donne des denrées pour le manger ; c’est bien tout ce qu’il nous faut, Seigneur Dieu ! et le ciel accorde de longs jours à notre dame ! » Ermolaï reparut, m’annonça d’un ton assez bourru que le radeau était calfeutré et consolidé, et envoya Soutchok vite prendre sa perche.
Pendant tout l’entretien que j’eus avec Soutchok, Vladimir avait regardé ce brave homme avec le sourire le plus dédaigneux, Quel imbécile, dit-il en le voyant s’éloigner ; une vraie brute, un grossier moujik, et rien de plus ; on ne peufpas appeler ça un domestique.... et il se vante encore.... Comment aurait-il joué la comédie ? la, je vous le demande, monsieur. Vous lui avez fait -par trop d’honneur que de causer avec lui. »
Au bout d’un quart d’heure, nous étions assis tous quatre sur les rebords du bateau plat ; quant aux chiens, nous les avions laissés sous la garde de mon cocher Jérondil. Nous étions assez peu à notre aise sur le radeau ; mais les chas|. I.a dame, la inaîtresse., .
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