Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/12

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saient, encadrés dans un parafe aux traits soigneusement arrondis, les mots suivants : « — Pierre Kirsanof, générale-major. » En 1835, Nicolas Petrovitch sortit de l’université avec le titre de candidat, et, la même année, le général Kirsanof, ayant été mis à la retraite après une inspection intempestive, vint se fixer à Pétersbourg avec sa femme. Il s’était loué une maison près du jardin de la Tauride, et avait obtenu ses entrées au club anglais, lorsque un coup d’apoplexie l’enleva subitement à sa famille. Agatokleïa Kouzminichna ne tarda pas à le suivre. Elle n’avait pu se faire à la vie retirée qu’elle était obligée de mener dans la capitale. L’ennui de se voir pour ainsi dire mise à la retraite elle-même la conduisit promptement au tombeau. Quant à Nicolas Petrovitch, il s’était épris, encore du vivant de ses parents et à leur grand regret, de la fille du propriétaire de la maison qu’il habitait, employé subalterne du gouvernement. C’était une jeune personne d’une figure agréable et dont l’esprit ne manquait pas de culture ; elle lisait dans les Revues les articles les plus sérieux de la « partie scientifique. » Le mariage fut célébré à l’expiration du deuil ; et l’heureux Nicolas Petrovitch, ayant quitté le ministère des domaines, où son père l’avait fait entrer par protection, se transporta avec sa Macha dans une maison de campagne, près de l’Institut des Eaux et Forêts ; puis, étant rentré en ville, il loua un joli petit appartement avec un salon un peu froid et un escalier bien tenu ; enfin il se retira à la campagne,