Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/308

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— J’ai demandé au médecin du district à m’en charger, et je me suis coupé.

Vassili Ivanovitch pâlit subitement, courut, sans prononcer une seule parole, dans son cabinet, et en revint avec un morceau de pierre infernale. Bazarof voulut la prendre et sortir de la chambre.

— Au nom du ciel ! lui dit Vassili Ivanovitch, permets-moi de te brûler.

Bazarof sourit.

— Quel amour de la pratique !

— Ne plaisante pas, je t’en supplie. Montre-moi ton doigt. La plaie n’est pas grande. Je ne te fais pas de mal ?

— Appuie ferme, n’aie pas peur.

Vassili Ivanovitch s’arrêta.

— Peut-être vaudrait-il mieux la brûler avec un fer chaud : qu’en penses-tu ?

— Nous aurions dû le faire plus tôt. Maintenant cela ne serait pas plus efficace que la pierre infernale. Si j’ai gagné le mal, il n’y a plus de remède.

— Comment !… plus de remède ?… balbutia Vassili Ivanovitch.

— Sans doute ! il y a plus de quatre heures que je me suis coupé.

Vassili Ivanovitch appliqua de nouveau la pierre infernale sur la blessure.

— Le médecin du district n’avait donc pas de pierre infernale ?

— Non.