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EUGÈNE DELACROIX.

5 octobre 1824. L’année 1825 ne renferme qu’une page sur Byron, écrite probablement en Angleterre et qui semble un fragment de quelque article projeté. Les années 1826, 1829, 1831, 1835, 1839, 1841-42, 1845, 1848 et toute la fin de 1851 manquent en entier. Or, Delacroix ne confiait pas sa pensée à ses seuls agendas : il n’est point de carnet de croquis, si mince qu’il fût, où l’on n’ait pu relever une pensée philosophique, une remarque technique, un projet de tableau. La solitude dans laquelle il se complaisait volontiers et l’absence de mémoire dont il se plaint, expliquent cette fureur d’écriture dont aucun autre artiste moderne n’a donné l’exemple à un pareil degré. Ces carnets, au nombre de cinquante environ, ont été dispersés lors de la vente posthume. Le plus important de tous, celui sur lequel Delacroix inscrivait, du 26 janvier au 21 mars 1832, tout ce qui le frappait durant son voyage au Maroc, en Algérie et en Espagne, a été légué par Burty en usufruit au DrCharcot et en nue propriété au Louvre qui le possède aujourd’hui. MM. Flat et Piot avaient obtenu de Charcot l’autorisation d’en donner le texte (ainsi qu’une page de fac-similé) et il n’eût peut-être pas été impossible de retrouver chez divers amateurs ou dans des publications antérieures, notamment dans le livre posthume de Piron, de quoi combler quelques-unes des lacunes de leur travail.

Quoi qu’il en soit, la justesse de l’axiome formulé par Delacroix et souvent cité : « On ne connaît jamais assez un maître pour en parler absolument et définitivement »,