Page:Toussaint - Le Jardin des caresses.djvu/22

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ne suis-je pas le voyageur qui s’endort, chaque soir, sous des ombrages parfumés? Tu es mon univers, avec des collines et des jardins, avec des sources et des moissons. Lorsque ton haleine passe sur mon visage, je pense aux brises du Hedjâz, qui ont effeuillé d’innombrables roses. Mes faucons maigrissent sur leurs perchoirs, mes chevaux perdent l’habitude du mors, l’éclat de mes armes se ternit... Qu’importe ! puisque l’éclat de tes joues est pareil au cœur sanglant des grenades, puisque ton ventre est plus souple que le dos de mes coursiers, puisque tes baisers sont des faucons toujours inassouvis! Etendu sur les douces collines de ton corps, je bois à la source de ta bouche en étreignant mes moissons.