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Page:Tremblay - Arômes du terroir, 1918.djvu/12

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BALLADE À NOTRE LANGUE



Comme jadis une vierge au cœur franc,
Tu vois, ô Muse, en France grand dommage,
Et tu sens battre une guerre en son flanc.
Anéantis dans l’affreux écimage,
Ses bois n’ont plus ni parfum ni ramage.
Donne soutien aux armes de ses preux,
Afin qu’un jour la rage souterraine
N’atteigne pas la Ville riveraine
Et laisse en paix dire aux peuples heureux :
Langue française, entre toutes sois Reine !


Réveille-nous de nos rêves souffrants,
Nés dans les deuils qui frappent les fermages.
Ils survivront, les fils que tu nous prends !
Comme un reflet de l’étoile des Mages,
Leur souvenir jaillira des chaumages
Avec l’éclat du Verbe généreux,
Qui donne au Monde une beauté sereine,
En répandant sur la sanglante arène
L’adieu touchant des soldats glorieux :
Langue française, entre toutes sois Reine !