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Page:Tremblay - Arômes du terroir, 1918.djvu/8

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des Cantons de l’Est, mais un hameau bien français. Ce sont là des souvenirs de trente ans — le ruisseau est vide aujourd’hui, les rives du lac sont déboisées, il n’est plus temps de confier au serpent l’accompagnement du chant d’église, et enfin la ceinture fléchée de nos pères, joyau d’art domestique dont le secret s’est perdu, se voit surtout dans les musées. Mais où sont les neiges !… Les « Vannages » forment un mélange. Si tu es puriste, ô lecteur ! ne me blâme pas sévèrement d’avoir publié « Chauvinisme, » une galéjade rimée, car ces huitains au rire vantard signifient : « Ma patrie à moi, c’est le Canada, et la patrie est toujours plus belle que le pays voisin ! » N’ai-je pas droit de le dire, même en riant ? N’ai-je pas droit aussi de combattre l’exode des campagnes vers la Ville ? D’autres ont traité ce sujet, je le sais, mais j’ai ma façon à moi de le comprendre et de le traiter.

Je n’aime pas rester coi. Je sais peut-être trop bien quels rejetons l’Oisiveté produit. Puis le besoin de parler est inné chez nous, Français par l’origine, et si des embrumés insulaires nous reprochent nos bavardages, ils ignorent que l’abondance de parole est un signe de la franchise gauloise. Juge alors à quel point le besoin d’écrire est endémique