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PIERRE QUI ROULE

« Quant à nous, nous avons choisi cette salle parce qu’elle est la meilleure ; mais il paraît que nous aurions dû agir tout autrement. À l’avenir, quand nous aurons quelque marché à conclure, soit pour acheter un baril de farine ou louer une salle, il nous faudra aller trouver M. McCabe et lui demander s’il a une petite rancune à satisfaire ; et s’il nous dit que l’homme à qui nous avons affaire lui déplaît, il nous faudra rompre toute négociation avec cet homme, au risque de perdre un marché avantageux.

« Ce que c’est que de nous ! Et moi qui avais toujours cru que la religion était un culte envers Dieu, au lieu d’être une persécution envers ses semblables !

« Quant à l’assertion que nous jouerions à notre profit, je dis qu’elle est fausse, que celui qui l’a prononcée le savait très bien, et qu’il ne s’en est servi que parce qu’il était à bout de ressources. On a eu soin de recommander aux gens de donner à l’église ce qui était destiné aux malheureux. Eh bien ! l’énumération suivante vous permettra de juger si la congrégation a assez donné pour pouvoir se passer le luxe d’une bonne œuvre en dehors. Voici un résumé des revenus de l’église :

« La rente des bancs se monte à $300 par semaine, ce qui donne pour un an $15,600. Il y a trois ans, il y eut un bazar qui rapporta la somme de $3,000, dont $800 furent donnés par les Canadiens ; la même année, il y eut une grande quête qui rapporta la somme de $5,000, dont $2,300 donnés par les Canadiens ; la fête Saint-Jean-Baptiste donna à l’église la somme de $84 ; les fenêtres de l’église (elles sont peintes sur verre) ont toutes été données par des particuliers ou des sociétés : la société Saint-Jean-Baptiste en fit construire une au coût de $83, et la congrégation canadienne contribua en outre $1,200 dans le même but. Un autre bazar qui eut lieu l’année dernière rapporta $2,400, dont les