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PIERRE QUI ROULE

« Je suis chargé par les propriétaires de la Minerve de vous offrir un emploi à la rédaction du journal. (Suivait le salaire offert et l’énumération des services que l’on attendait de ma part).

« J’espère que ces conditions vous agréeront et en ce cas vous pourriez entrer en fonctions aussitôt après votre arrivée à Montréal… Quant à moi, vous ne doutez pas que je serais très heureux de vous avoir ici pour collègue. Votre talent d’écrivain et votre attachement aux principes conservateurs seraient une excellente acquisition pour la Minerve. En attendant une réponse immédiate, je demeure,

« Votre ami dévoué,
« F.-X. DEMERS. »

« Quelques jours après la réception de cette lettre, je faisais partie du personnel de la rédaction du journal en question sous les ordres de MM. Dansereau, DeCelles et Demers.

« Mon attachement aux principes conservateurs me paraît d’autant plus drôle aujourd’hui qu’il était alors sincère et qu’il l’est encore. Seulement, il faut voir comme mes opinions se sont modifiées sur ce qui constitue l’essence du conservatisme !

« J’ai toujours été assez conservateur pour tenir au maintien de l’ordre, pour respecter toutes les institutions respectables, pour conserver tout ce qu’il y a de bon. En ce sens, je le suis encore. J’ai toujours été assez libéral pour être l’ami du progrès, pour ne pas m’opposer aux innovations compatibles avec la morale, la justice et l’équité. Je n’ai jamais été tory et je n’aurais jamais pu le devenir.

«  Mes principes sont restés ce qu’ils étaient alors. Seulement, je crois les comprendre mieux qu’autrefois.