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PIERRE QUI ROULE

à Fall River après la prorogation. Quéquienne, ayant accepté ces conditions, transporta sa famille à Fall River.

En automne, à la rentrée des classes, sa femme alla conduire ses trois fils au collège de la Côte-des-Neiges. Son père avait vendu la ferme de Clifton-Est. Il en avait acheté une autre à Cookshire et l’avait revendue, faisant chaque fois un léger profit. Vers 1876, il avait acheté, à Stoke, une terre en face de l’église. En 1885, il offrit à Quéquienne de lui céder cette terre moyennant une rente viagère. La femme de Quéquienne profita de son voyage au Canada pour aller voir ses beaux-parents et faire les arrangements définitifs. À Fall River, l’agitation en faveur des prêtres de notre race était en pleine effervescence. Voici comment Quéquienne résumait la question trente ans après à la demande d’une revue alors publiée à Montréal :

« En 1884, s’éteignait à Fall River, Mass., le regretté curé Bédard, depuis dix ans pasteur de la paroisse exclusivement canadienne-française de Notre-Dame de Lourdes. Ardent patriote, il avait su, par ses exemples et ses exhortations, entretenir vivaces chez ses dévoués paroissiens les saines traditions du pays natal. Il laissait une paroisse prospère, parfaitement organisée au triple point de vue national, social et religieux.

« Aux profonds regrets causés par la mort de ce guide sûr, dont le dévouement s’était si fréquemment et si clairement manifesté, vint bientôt s’ajouter, chez ces braves gens, inopinément devenus orphelins spirituels, la crainte bien fondée de se voir déposséder de ce qu’ils avaient conquis après dix ans d’épargnes et de généreux efforts,

« Un prêtre irlandais, le Rév. Père McGee, venait d’être nommé pour remplacer le curé Bédard. Sa connaissance du français était insuffisante, mais ce qui