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ÉPILOGUE

Il lui est arrivé plus d’une fois de se faire exploiter ; mais il n’a pas à se reprocher d’avoir voulu exploiter les autres, et il n’a jamais été tenté d’envier le sort des gens qui se croient très habiles lorsqu’ils ont réussi à duper leur prochain. À force de constater jusqu’à quel point on abuse des meilleures choses, il en est arrivé à ne plus s’étonner outre mesure de voir gouvernants et gouvernés rivaliser à qui commettra les erreurs les plus regrettables au triple point de vue moral, économique et social.

La vérité est une ; elle est simple, elle est claire, elle est évidente. Nul ne nie qu’elle existe ; mais c’est presque toujours au nom de la vérité qu’on proclame l’erreur. Chacun prétend avoir le monopole du vrai et ceux qui crient le plus fort sont ordinairement ceux qui auraient le plus grand besoin d’être éclairés. Qu’y faire ? Il faut bien prendre le monde tel qu’il est et les hommes pour ce qu’ils valent. Hélas ! ils ne sont pas parfaits. Le jour où ils le deviendraient, le monde, tel que nous le connaissons, cesserait d’exister. La perfection n’est pas de ce monde.

Les maux que nous regrettons sont peut-être nécessaires à l’ordre universel, ce qui ne nous dispense pas de tâcher de les prévenir dans la mesure de nos forces. Mais il est parfaitement inutile de se désoler parce que