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PIERRE QUI ROULE

naient à ce paisible cours d’eau des proportions beaucoup plus vastes. La décharge elle-même sortait alors de son lit, ce qui procurait aux écoliers le plaisir de patauger sur les ponts, recouverts d’une eau glacée qui leur caressait les mollets, ou de patiner sur le miroir de glace s’étendant à perte de vue sur les champs inondés.

Les terres, de trente arpents de longueur sur trois arpents de largeur, avaient été concédées à partir de cette rivière pour former le rang du nord et le rang de l’église. Les fermes de ce dernier rang, s’allongeant dans la direction de Saint-Aimé, allaient aboutir au rang de Bellevue, qui formait la limite sud de la paroisse. Celles du rang du nord aboutissaient au rang de Raimbaud, qui formait la limite nord de Sainte-Victoire, et dont les terres rejoignaient la rivière Richelieu.

À environ deux milles à l’est de l’église, la route bifurquait. L’un des tronçons, se dirigeant vers le sud-est à travers le rang de Prescott, atteignait cette partie de Saint-Aimé devenue depuis la paroisse de Saint-Louis. L’autre route, qui conduisait à Saint-Ours, passait à travers le rang de la Basse. Sainte-Victoire étant une paroisse détachée de Sorel, avoisinait cet endroit et avait sa limite ouest dans les environs du Marais. Saint-Robert avait plus tard été détachée de la paroisse de Sainte-Victoire.

Pays plat ; terrain assez fertile mais peu sourceux. Chaque ferme avait ordinairement deux puits assez profonds ; l’un près de la maison et l’autre aux champs. Ce dernier servait à abreuver les animaux en pâturage durant les mois d’été. Les roches qui avaient servi à empierrer ces puits (on disait pierroter) avaient parfois dû être transportées de très loin.

Chaque puits avait sa brimballe, espèce de levier assujetti à un poteau d’une dizaine de pieds. L’ex-