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La Poule Noire

tenait au collet et le recourbait sur le sol ; des bruits de pas résonnaient sur la terre ou flochaient dans les flaques.

Pitro crut sa dernière heure arrivée, crut qu’il allait payer, par la douleur de son séant, toute la paresse qu’il avait employée sa vie durant à rester dessus, et perdit un moment connaissance. Il demeura longtemps étendu, n’osant pas remuer, bien qu’il ne sentît sur lui aucun attouchement. Enfin, dès l’aube naissante, il risqua un regard, vit devant lui quelque chose de noir et de visqueux. Il allongea craintivement la main, sentit des plumes sous ses doigts. Enhardi, il se hissa sur un genou. La terre était piétinée partout. Des trous se dessinaient dans le mock. Il ramena ses yeux sur ses mains, reconnut l’oiseau, le retourna, et le rejetant coléreusement dans la marc, s’écria :

— J’savais bien, itou, qu’il y avait quelque chose. C’te damnée poule-là, c’ast un coq.