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ADO — ADO

Se ne fussiez Chevaliers adoubés. Roman de Gaydon.
Là me fi-il Chevalier Adouber. Id.

Adouber. v. act. Terme de Jeu de Trictrac. Ajuster une dame de son jeu qui est mal rangée, la ranger mieux, & comme elle doit être. Disponere, dirigere, ordinare. Quand il y a dans votre jeu une dame un peu dérangée, & que vous voulez la mieux ranger, il faut dire, avant que de la toucher ; J’adoube, sans quoi, si les dés jettés étoient à vous, on vous forceroit à jouer la dame que vous avez touchée. L. S.

☞ On dit aussi j’adoube par précaution, quand on met la main sur une dame qu’on voudroit jouer, sans être encore bien déterminé, & pour-lors on peut la jouer, ou ne la pas jouer:mais il vaut mieux s’abstenir de porter la main sur ses dames jusqu’au moment qu’on est déterminé à les jouer, & qu’on voit leur place convenable. Id.

☞ On peut toucher le talon impunément, & sans dire j’adoube, excepté lorsqu’il n’y a plus qu’une dame. De même celui qui n’a pas jetté les dés, peut toucher son bois sans conséquence, quand même il seroit battu à faux, & qu’il n’auroit pas marqué; il le peut faire tant qu’il n’a pas jetté les dés. Id.

Il signifie figurément, Rajuster, accommoder, mettre en ordre. Ordinare, disponere. On dit au jeu des échets, du triquetrac, & des dames, J’adoube:pour faire entendre qu’on touche une pièce qu’on ne veut pas jouer, mais seulement pour arranger son jeu.

☞ ADOUCIR. v. a. rendre doux, moins âcre, moins rude ou moins amer, &c. Temperare, rem aliquam dulcem efficere, mollire. On a trouvé le secret d’adoucir l’eau de la mer. Adoucir l’acreté des humeurs. On adoucit la voix, le son des instrumens, en les baissant d’un ton. On adoucit le fer à force de le battre. La pluie adoucit le temps, en le rendant moins froid. On adoucit les métaux par un alliage convenable. Ceux qui travaillent aux glaces de miroir, aux lunettes, &c. ne les polissent qu’après les avoir adoucies. Le mélange adoucit aussi les odeurs, les couleurs, &c. L’aigreur des fruits s’adoucit en mûrissant.

Adoucir, se dit aussi des choses spirituelles, pour signifier, Appaiser, rendre moins fâcheux, & plus supportable ; modérer, tempérer. Mitigare, lenire. Il saut adoucir les termes injurieux ou barbares, quand on est obligé de s’en servir. On dit que l’amour a inventé la peinture, pour adoucir la douleur de l’absence par la copie des traits de la personne aimée. Felib. La lecture adoucit les ennuis, & les chagrins de la solitude. S. Evr. Il est difficile d’adoucir une humeur si farouche. Id. La joie adoucit, & relâche la tristesse. Dac. On peut adoucir & apprivoiser les lions, & les tigres mêmes ; à plus forte raison peut-on se flatter d’adoucir la fierté naturelle de ce jeune Prince. Ablanc. Il seroit bon d’adoucir la sévérité incommode de la Philosophie, de peur de la rendre haïssable. Port-R. Pour ne point rebuter les pécheurs, vous avez adouci les rigueurs de la pénitence. Pasc. Sur l’Eucharistie. Nos Frères sentant l’impossibilité de l’opinion de Calvin prise à la lettre, l’adoucissent autant qu’ils peuvent. Peliss. A dire le vrai cependant son opinion ainsi adoucie, n’enferme pas moins une contradiction formelle. Id. J’ai tâché d’adoucir son esprit, & de le rendre plus calme. P. de Cl. La soumission adoucit les plus farouches. La patience & la Philosophie adoucissent l’amertume des douleurs.

Il se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie, devenir plus doux. Mitescere. Conj. Je m’adoucis ; je m’adoucissois ; je m’adoucirai. L’hyver s’est adouci ; le froid est moins âpre, & moins violent. Le dépit de ne posséder pas les richesses se console, & s’adoucit, par le mépris que l’on a pour ceux qui les possèdent. Rochef. Les haines & les inimitiés s’adoucissent par le temps. Du R. Il n’y a personne si sauvage qui ne se puisse adoucir. Dac. Le Roi s’adoucit dans la suite, & ne parut plus si irrité. P. de Cl. La fièvre s’adoucit par l’abstinence & le repos.

Adoucir. Terme de Peinture. Mêler les couleurs avec la brosse, ou le pinceau. Expolire picturam. On dit aussi. Adoucir les desseins lavés, & faits avec la plume ; c'est-à-dire, en affoiblir la teinte. Adoucir une peinture, c'est en changer quelques traits, & donner plus de douceur à


l'air d'un visage, qui avoit quelque chose de rude. Felib.

☞ v. act. On dit, Adoucir les traits, adoucir l'air du visage, pour dire, les rendre moins rudes. Acad. Fr.

Adoucir. Terme de Manufactures de Glaces. On l’entend de la première façon qui se donne aux Glaces brutes, en les usant & frottant les unes contre les autres avec du grès, du sable ou de l’émeri, pour les polir & les rendre transparentes. On dit quelquefois dégrossir, mais le vrai terme de l’art est adoucir.

☞ On appelle l’Atelier de l’Adouci, le lieu où on leur donne cette première façon. Pour les finir, on les porte dans l’atelier du Poli.

Adoucir. Terme de Doreur en détrempe. Il signifie quelquefois, mettre le blanc en traînant le pinceau : & quelquefois il s’entend d’une façon qu’on donne au blanc après la dernière couche, en le mouillant légèrement, & le frottant ensuite avec la prêle, ou avec de grosse toile neuve pour enlever les inégalités. Voyez Dorure en Détrempe.

Adoucir. Terme de Teinturier. C’est mêler des couleurs moins vives avec d’autres qui le sont trop, pour réduire celles-ci à leur véritable teinte.

Adouci, ie, part. pass. & adj. Temperatus, mitigatus, lenitus.

☞ ADOUCISSAGE. s. m. Manière de rendre une couleur moins vive, en y mêlant des drogues qui en puissent diminuer la force. Les instructions & les règlemens pour la teinture, portent, que les chapeaux qu’on teint en noir, quand ils ont un œil trop bleuâtre, peuvent recevoir l’adoucissage dans un petit bain de bois jaune, s’ils sont de laine grossière, ou dans un bain de gaude, si la laine est fine.

☞ ADOUCISSANT. s. m. Terme de Médecine. Remède qui adoucit. Dulcorandi vim habens, mitigans. Plusieurs pestiférés ont été guéris par des humectans, des adoucissans, &c. Journ. de S. 1721, p. 420. ☞ Il est aussi adj. Remède adoucissant, tisane adoucissante.

ADOUCISSEMENT. s. m. L’action d’adoucir. ☞ Il signifie également la chose qui sert à adoucir, & l’état de la chose qui est adoucie. Temperatio, mitigatio. L’adoucissement de la bile, & des humeurs, des contours d’un tableau.

Adoucissement, signifie figurément, Soulagement, diminution de peine & de douleur. Levamen, levamentum, mollimentum. Rien ne peut apporter d’adoucissement à mes déplaisirs. ☞ On le dit aussi en parlant du temps, lorsqu’il est moins froid, moins rude, moins fâcheux. Il y a quelque adoucissement dans le temps. Il signifie aussi, accommodement, tempéramment, correctif. Ne sauriez-vous trouver quelque adoucissement pour concilier les esprits ? Les adoucissemens de la confession attirent le monde. Pasc. Il faut chercher quelques adoucissemens, pour exprimer les choses sales & malhonnêtes. Cail. La Reine le priva de certains adoucissemens, que le privilège de son rang lui faisoit regarder comme permis, & que la flatterie lui avoir conseillés comme nécessaires. Flech. Les personnes polies n’expriment qu’avec bien des précautions & bien des adoucissemens, tout ce qui peut faire naître des idées obscènes. S. Evr. ☞ Tout l’adoucissement qu’il apporte dans la doctrine, est de lui avoir ôté le masque affreux dont les Ministres la couvrent. Bossuet.

Adoucissement. Terme de Peinture. Expolitio. On s’en sert pour exprimer que les couleurs sont bien noyées ; que les traits ne sont pas tranchés, & qu’il n’y a rien de rude. L’adoucissement des couleurs rend la peinture plus tendre & plus fine.

Adoucissement. Terme d’Architecture. C’est le racordement qui se fait d’un corps avec un autre par un chanfrein, ou par un cavet, comme le congé du fât, d’une colonne, ou lorsque la plinthe d’une base est jointe à la corniche de son piédestal par un cavet.

ADOUÉES, adj. f. pl. Terme de Fauconnerie, qui se dit des perdrix qui sont pariées & accouplées. Copulatæ.

ADOULÉ, ée. adj. Vieux mot, qui vouloit dire autrefois Dolent, triste ; Mœrens, mœstus, dolens.

☞ ADOUR. s. m. Nom propre de trois rivières de Gascogne, en France. Aturus, Atturus. La première est le grand Adour, qui prend sa source dans les Pyrénées, à la montagne de Tourmalet, passe à Tarbe, à Aire, à Saint-Sever, à Dax & à Bayonne, au-dessous de laquelle il se jette dans la mer de Gascogne.

☞ La seconde est l’Adour de Suébe, qui prend sa source dans la vallée de Campan, &, après un cours d’environ douze lieues, se joint au grand Adour.

☞ La troisième est l’Adour de Baudéan, ainsi nommé,


Tome I. P ij parce}}