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rendu les hommes assez hardis, pour mépriser tout ce que la mort a d’affreux dans un naufrage. Bouh. M. de Caseneuve fait venir ce mot d’Afer Africain, à cause de la noirceur des Africains, qui les rend affreux. Voyez Affres, son primitif.

AFFRIANDER. v. a. Accoutumer à la friandise. Allectare, prolectare. Il ne faut pas donner aux enfans trop de douceurs, cela les affriande. Vous m’affriandez à votre bonne chère. Vaug.

On dit en Fauconnerie, Affriander l’oiseau, lorsqu’avec de bon pât, soit de pigeonneaux, ou de poulets, on le fait revenir sur le leurre.

On le dit aussi au figuré des choses agréables à l’esprit. Allicere, illicere. Il s’est affriandé à la lecture des Romans, des Relations étrangères, de la poësie. On dit aussi, il est affriandé au jeu, il s’est affriandé au gain. Mais tout cela n’est bon que dans le style simple & familier.

Affriandé, ée. part.

AFFRIOLER, v. act. Terme populaire. Affriander, attirer par quelque amorce de plaisir. Les femme, sont aisément affriolées par la comédie & les cadeaux. On affriole les souris avec du lard, ou des noix, pour les prendre.

Affriolé, ée. part.

AFFRITER. v. a. Terme de Cuisine, mettre une poêle en état de frire comme il faut. Tout tient à une poêle neuve qui n’est point encore affritée. On affrite avec des pois, des féves, & autres choses qui ne tiennent pas à la poêle.

AFFRODILLE. s. f. ou ASPHODELE. Plante. Asphodelus, hasta regia. Cette plante a une tige droite comme une pique, ou hache royale, Voyez Asphodelle.

AFFRONT. s. m. Honte qu’on fait à quelqu’un, soit par des paroles outrageantes, soit par quelques coups, ou mauvais traitemens. Injuria, contumelia. Les affronts à l’honneur ne se réparent point. Corn. Il reçut un grand affront à l’audience, quand on lui fit voir son imposture. Il n’y a que le Christianisme qui nous puisse faire souffrir patiemment un affront. Un démenti est un sanglant affront.

On dit figurement, Boire un affront, avaler un affront, essuyer un affront ; pour dire, le recevoir, le souffrir. Sorbere, contumeliam, ac concoquere. On dit aussi, Ne pouvoir digérer un affront ; pour dire, qu’on l’a toujours sur le cœur ; qu’on ne le peut oublier. Comment pourriez-vous digérer un si cruel affront ?

Mon honneur est le sien, & le mortel affront. Qui tombe sur mon chef, rejaillit sur son front. Corn.

Il pourroit bien, mettant affront dessus affront, Charger de bois mon dos, comme il a fait mon front. Mol.


s. m. Injure qu’on fait à quelqu’un par paroles ou par voies de fait.. Les affronts à l’honneur ne se réparent point. Corn. Il n’y a que le Christianisme qui puisse nous faire souffrir patiemment un affront. Un démenti est un sanglant affront. ☞

Sénéque dit que la douleur qu’on ressent d’un affront, est la marque d’un cœur foible & bas. S. Evr. Ce mot vient de l’Italien affronto. Ménage. Pasquier a observé que ce mot n’étoit pas ancien de son temps.

Affront, se dit aussi de la honte que nous recevons nous-mêmes par notre faute ou par celle de ceux qui nous touchent. Un Général d’Armée reçoit un affront, quand il lève le siège de devant une place. Un criminel qu’on exécute, fait un affront à toute sa famille. Quand un Prédicateur demeure court en chaire, on dit que c’est un affront que lui fait sa mémoire.

AFFRONTAILLES. s. f. pl. Terme de Coutume. Les confins de plusieurs fonds aboutissans aux côtés d’un autre fonds.

AFFRONTER. verb. act. Tromper quelqu’un malicieusement, finement, d’une manière basse, rusée, maligne, & sous prétexte de bonne foi ; soit en lui faisant quelques emprunts qu’on n’a pas dessein d’acquiter, soit en lui vendant une marchandise. Fraudare, defraudare. Ce Banqueroutier a affronté cent personnes sous l’apparence qu’il avoit d’être riche. Ce Changeur m’a affronté, il m’a donné de la monnoie qui est fausse. Il m’a affronté de dix pistoles. Ablanc.

Par des concussions fatales à la France
Il a déja vingt fois affronté la potence. Ren.


Vois ces pâles joueurs, qui pleins d’extravagance,
Du destin insolent affrontent l’inconstance ;



Et sur trois dez maudits li sent l’arret fatal,
Qui les condamne enfin d’aller à l’hôpital. Id.

Affronter, se dit quelquefois en bonne part, des braves qui ne craignent point de s’exposer dans les occasions honorables. Hostem adoriri fortiter, adire pericula. En ce sens il se dit des choses aussi-bien que des personnes, & signifie, Faire front en attaquant hardiment, en s’exposant avec courage & avec intrépidité. Les deux armées s’affronterent terriblement. Ablanc. Alexandre alloit affronter ses ennemis en plein jour & à découvert. Vous allez de la mort affronter la présence. Racin. Où est le soldat qui n’affronte pas le danger en présence de son Prince. Abl.

Affronté, en termes de Blason, se dit des animaux qui sont posés vis-à-vis l’un de l’autre, dont les têtes se regardent dans un écu. Deux lions affrontés sont ceux qui sont front contre front. Gemini leones adversis frontibus picti. On le dit aussi quand il n’y a que leurs têtes ainsi disposées. On le dit même, quand ils sont en des quartiers différens, encore qu’il y ait d’autres pièces entre deux. Il portoit d’or à deux lions affrontés de gueules. ☞ On dit aussi en termes d’Antiquaires : Têtes affrontées.

AFFRONTERIE. s. f. Action d’affronter. Fraus, fraudatio. Il y a un très-grand nombre de gens qui ne vivent que d’affronterie. Servez-vous rarement de ce mot. Apparemment que sa ressemblance avec effronterie n’a pas peu contribué à le bannir presque de l’usage ordinaire.

AFFRONTEUR, EUSE. adj. & s. m. & f. Celui ou celle qui affronte. Fraudator, Sycophanta. Paris est plein de devins, de donneurs d’avis, de faux chimistes, qui sont tous des gueux, des filous & des affronteurs.

AFFUBLEMENT. s. m. Voile, vêtement, habillement, tout ce qui couvre, cache, enveloppe la tête, le visage, le corps. Velamentum, Amictus. Ce mot ne peut avoir d’usage que dans le comique.

AFFUBLER. v. act. Cacher, envelopper sa tête, son visage, ou son corps de quelque habillement, de quelque voile. Amicire, obtegere, involvere. Les Moines & les Hermites s’affublent d’un froc. Dans les cérémonies des obsèques des Princes, les parens sont affublés de grands chaperons de deuil. Cette femme étoit affublée dans sa cappe pour n’être pas connue. Il y a de bons auteurs qui prétendent que le mot d’affubler n’est plus en usage que pour signifier se couvrir, se vêtir, sans avoir égard à la tête. Au moins est-il certain qu’être affublé se trouve pour être couvert, être vêtu.

Le moindre de leurs valets
Est affublé d’écarlate. Main.

O qu’il est indignement
Affublé d’une soutane ! Id ;

Nicod dérive ce mot de insula, qui signifie une ancienne coiffure. On dit encore en Picardie, défuler ; pour dire, se décoiffer, ôter son chapeau. Du Cange le dérive de Affibulare, mot de la basse latinité qui vient de fibula:c’étoit une boucle, ou agraffe servant à attacher les habits longs qui couvroient & enveloppoient tout le corps ; comme on a dit clavi, & laticlavi, des vêtemens honorables ainsi attachés.

On dit au figuré avec le pronom personnel, s’affubler de quelqu’un ; pour dire, en être coëffé & entêté, ne voir que par ses yeux, n’entendre que par ses oreilles. Efferri studio alicujus viri aut rei. Les Disciples de Platon étoient affublés des opinions de leur maître. Les gens foibles se laissent aisément affubler par des Directeurs & par des flatteurs. Ce mot, en quelque sens qu’on le prenne, ne se peut dire qu’en raillant. Les Normands prononcent affluber, transposant une lettre, comme ils font en bien d’autres mots; vrêps pour vêpres, &c.

Affublé, ée. part. Qui est couvert, qui est enveloppé de quelque voile, de quelque habillement. Opertus, amictus, involutus.

AFFÛT. s. m. Ce qui sert à pointer le canon quand on le tire, ou à le transporter ailleurs. Tormenti bellici lignea compages, pes, fulcimentum, sessibulum, vehiculum. L’affût d’un canon de navire, ou de casemate, consiste en deux roues sans rais, d’une seule pièce de bois. L’affût d’un ca-


Tome I. S ij non