Page:Trevoux-1752-01-A-ANE.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
282
AFR AFR AGA


midi de l’Europe. Elle est bornée au septentrion par la mer Méditerranée ; à l’occident & au midi par l’Océan ; & à l’orient par le détroit Arabique. Les Anciens Géographes la bornent tous à l’orient par le Nil ; & ce qui est entre le Nil & la mer-Rouge, ils le donnent à l’Asie, Africa ab orientis parte Nilo terminatur, pelago à cæteris. Mela. L.1.ch.4. Voyez Marmol Liv. I, ch. 1, 3, 4, 5. Diego de Torrez. Hist. des Chérifs, ch. 12, & la description d’Afrique de Jean Léon l’Africain, qui se trouve dans les Navigations & Voyages recueillis en Italie par Ramusio. On n’est point d’accord sur l’origine & sur la signification de ce mot. Quelques Auteurs prétendent qu’elle est ainsi nommée du mot Arabe Iphrik, qui vient du verbe Faraka, divisit, il a divisé, ou séparé ; & l’on apporte deux raisons de cette étymologie : la première, est que cette partie de la terre est séparée de toutes les autres, soit par la mer, soit par le Nil, qui, comme je l’ai dit, en faisoit autrefois les bornes du côté de l’orient. L’autre est, qu’un certain Iphric, qui a regné dans ces contrées, lui a laissé son nom. Marmol, L 1, ch. 1. se déclare pour cette étymologie. D’autres disent que ce nom vient du mot hébreu עפר aphar, qui signifie poussière, parce que le pays est extrêmement aride & sabloneux. Josephe, au Liv. I de ses Antiquités Judaïques, c. l6, prétend que ce nom lui vient d’Ophre, fils de Mandane, & petit-fils d’Abraham, qui s’empara, dit-il, de la Lybie, & dont les descendans la posséderent, & la nommerent de son nom, Afrique. Servius & Isidorius disent que Africa, ou Aphrica, est la même chose que Aprica, comme qui diroit, exposée au soleil. Quelques Grammairiens dérivent ce nom de l’α privatif, & de φρίχη Horreur, comme qui diroit, une terre qui ne fait point frissonner, qui n’a jamais de froid, ni d’hiver. Dans Eusèbe, Liv. IX, de la Prép. & dans Josephe, Liv. I des Ant. ch. 16. Alexandre Polyhistor rapporte le sentiment d’un certain Cléodémus, qui prétendoit que parmi les enfans qu’Abraham avoit eus de Cetthura, il y en avoit un nommé Apher, & un autre nommé Aphran ; que l’un avoit donné son nom à la ville d’Afra, & l’autre à l’Afrique. Solin & Cédrénus prétendent que ce nom lui vient d’Afer fils d’Hercule. D’autres prétendent qu’il lui vient d’Ophir fils de Jectan, ou de l’autre Ophir dont parle l’Ecriture, & que l’Afrique est la terre d’Ophir si fameuse par le commerce qu’y faisoit Salomon. Bochart, dans son Chanaan, L. I, ch. 15, rejette toutes ces étymologies, & prétend que ce nom vient de פרך pharach, qui, en Syriac & en Arabe signifie Frotter ; & d’où s’est formé פרוך pheruch ou פרוך pherich, qui signifie un épi de blé ; que de-là est venu le nom Africa, comme si l’on avoit voulu dire, une terre d’épis, parce que ce pays est fertile en blé. Quoiqu’il n’y ait rien d’assuré sur l’origine de ce nom, j’aimerois beaucoup mieux le faire venir d’Ophir, non pas de celui qui donna son nom à la terre où Salomon envoyoit ses flottes, mais d’un autre que l’Ecriture place à l’entrée de l’Afrique, & qui probablement s’avança dans ce pays. La raison est, 1° Que dans ces premiers temps les terres n’ont point pris leur nom des qualités qu’elles avoient, mais de ceux qui les occupoient. 2° Parce que ç’a été la coutume de donner le nom de ceux qu’on rencontroit d’abord à l’entrée, à tout le pays qu’ils avoient derrière eux. L’Afrique s’étend depuis le 35e degré de latitude septentrionale, jusqu’au 35e de latitude méridionale, & depuis le troisième degré de longitude, jusqu’au 83e.

Du côté que l’Afrique avoisine ces sables
Si souvent périlleux & si souvent coupables,
De cent monstres divers les champs sont infectés,
Leurs hivers sont plus chauds que ne sont nos étés. Bree.


Sur les Médailles, l’Afrique est coiffée d’une tête d’Eléphant, dont la trompe avance au dessus du front ; de la même manière que Bérénice & Cléopatre, Reines d’Egypte, le sont aussi quelquefois.

On appelle en particulier Afrique, une province de l’Afrique sur les côtes de la Méditerranée, entre la Mauritanie à l’occident, & la Cyrénaïque à l’orient ; c’est la partie orientale de ce que nous appelons aujourd’hui Barbarie. Les Arabes n’appellent Afrique, Afrikiaf, que cette province ; car l’Afrique en général, qui passe pour la troisième partie du monde, ils l’appellent Magreb, ou plutôt Macreb, qui veut dire Occident.

Afrique, est encore une ville d’Afrique sur la côte de la Méditerranée, que quelques-uns prennent pour l’ancienne Leptis, & Marmol pour Adruméte ; mais il s’est trompé : elle est à vingt lieues d’Adruméte, & c’est plutôt l’Aphrodisium des Anciens. Le Calife Mehedi l’ayant fortifiée, la nomma Méhédie. Des Corsaires de Sicile s’en étant saisis, l’appelerent ensuite Afrique, de ce nom lui est testé. Charles V la prit en 1550, & la ruina, Voyez Marmol, Liv. VI, ch. 26 & 28. Il y en a aussi une de ce nom en Languedoc.

AFTOMATES. Voyez Automate.

AGA.

AGA. Interjection admirative. Vieux mot qui vient d’un autre vieux mot, Agardez ; pour dire regardez, voyez un peu. M. Huet croit que ce mot est purement hébreu, & que c’est une abréviation de deux mots hébreux, qui signifient, Animadversio Authoris ; ainsi on a dit Aga, pour Animadverte. Il y a des provinces ou Aga est encore fort usité parmi le peuple.

Et qu’est-ce ceci ? est-ce mes huy,
Diable y ait part, aga quel prendre ?
A Sire que l’on le puisse pendre
Qui ment. Tripault de Bardis et Pathelin.

AGA, ou AGHA. s. m. Terme d’Histoire & de Relation. Ce mot signifie dans la langue des Mogols, & dans celle des Khovarezmiens, un Homme puissant, un Seigneur, & un Commandant. Les Turcs se servent de ce mot pour signifier absolument un Commandant. Ainsi l’Aga des Janissaires est leur Colonel, & le Capi Aga est le Capitaine de la porte du Sérail. On donne par civilité à quelques personnes le titre d’Aga, quoiqu’ils n’aient aucune charge. Quand ce mot est en régime, c’est-à-dire, quand il y a un autre substantif après lui qui en dépend, & que dans nos langues occidentales nous mettrions au génitif, on dit Agassi, & non pas Aga. Aussi Capi Agassi, signifie l’Aga ou le Gouverneur des Pages ; Spahilar Agassi, l'Aga, ou le Général de la Cavalerie. Du Loir écrit Agha. Quatre principaux Eunuques, qui portent tous la qualité d’Agha, sont toujours auprès du Grand Seigneur. Le premier d’entre eux est nommé Capi Agha. Id. p. 89. Le second est le Khazinedar Bachi ; le troisième est le Kilerdgi Bachi ; ces trois Aghas suivent par-tout le Grand-Seigneur, mais le quatrième ne sort jamais de Constantinople, & pour cette raison il s’appelle Seray Agassi, l’Agha du Sérail. Id. p. 90.

AGACE. s. f. Espèce de pie, qui a les plumes plus noires que les autres. Pica. Voyez. Pie. Ce mot vient de l’Italien Ragazza, qui signifie Garrula.

AGACEMENT. s. m. Incommodité, impression désagréable qui vient aux dents par le moyen de quelques acides. Dentium hebetatio. L’agacement se fait plutôt dans les gencives que dans les dents mêmes ; car si on frotte les gencives avec du vitriol, ou d’autres acides, il en résulte le même effet. Dans un combat que fit faire le Duc de Savoye en 1421, d’un ours contre des dogues, le Gouverneur lui frotta les dents avec du vitriol ; ce qui lui causa un tel agacement, qu’il ne put mordre les chiens.

AGACER. v. act. Attaquer, irriter, picotter, provoquer quelqu’un doucement à quelque dispute, ou querelle. Lacessere, Provocare. Il l’a si souvent agacé, qu’il a été contraint de répondre. C’est une chose bien agréable de se voir agacer par le mérite d’une jolie femme, quand elle n’a d’enjouement qu’autant qu’il en faut pour plaire. Corn. Ils s’agacent l’un l’autre. Boil.

Cher Tirsis, je me sens piquer
De vingt sonnets dont tu m’agaces.

Tout cela n’a d’usage que dans le style satyrique, ou badin. Ménage dérive ce mot du Latin acax, du verbe acco, & de acaciare, qui sont factices, d’où il prétend que sont


S iij venus
S iij venus