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Lettres d’abolition au Parlement. Matthieu, en la vie de Henri IV. Liv. V. De Roch. L’amnistie est une abolition générale de tout ce qui s’est commis durant la Guerre Civile. Un vrai acte de contrition emporte l’abolition de tous les péchés : en ce cas il signifie Absolution. Les Lettres d’abolition pour les Gentilshommes, sont adressées aux Parlemens ; & pour les Roturiers aux Baillifs, Sénéchaux, ou à leur défaut aux autres Juges ressortissans nuement aux Parlemens, pourvû, suivant la Déclaration de 1681. que les crimes aient été commis dans leur ressort. Le Roi n’accorde point de Lettres d’abolition pour les duels, les assassinats prémédités, le crime de rapt commis par violence. Ordonnance de 1670. Tit. XVI.

Abolition, signifie aussi la destruction d’une Loi, d’une Coutume. On a eu bien de la peine à faire une entière abolition des superstitions Payennes. L’entière abolition de l’Ordre des Templiers.

ABOMASUS. C’est l’un des estomacs des animaux qui ruminent. On en compte quatre. Venter, Reticulum, Omasus & Abomasus. Harris Ce mot est latin, & vient d’Omasus, ou Omasum, qui se trouve dans Pline.

ABOMINABLE. adj. m. & f. Horrible, détestable, exécrable. Abominandus, detestandus. Le repas d’Atrée & de Thyeste fut un repas abominable. Néron étoit un monstre abominable, L’hérésie d’Arius étoit abominable. Le parricide est un crime abominable. Il se dit par exagération de tout ce qui est très-mauvais. Une phrase abominable, une musique abominable.

ABOMINABLEMENT. adv. Exécrablement, horriblement. Abominandum, detestandum in modum. Il en a usé avec lui abominablement ; c’est-à-dire, d’une manière détestable : & par exagération, il écrit abominablement.

ABOMINATION. s. f. Horreur, exécration. Abominanda, detestanda res. L’Eglise a cette opinion en abomination. Le Seigneur a en abomination les sanguinaires. Saen. Ce scélérat est en abomination à tous les gens de bien. Ce mot signifie aussi la chose, ou la personne même abominable. Ce brigand commet tous les jours mille abominations. Il est l’abomination de tous les gens de bien.

ABOMINER. v. a. Vieux mot qui n’est plus en usage. Avoir en horreur. Abominari, execrari.

Ces mots viennent d’abominari, comme qui diroit, ab omine rejicere, rejicere tamquam malum, Rejeter une chose comme si elle étoit de mauvais augure.

ABONDAMMENT. adv. En abondance. Abundanter, abundè, copiosè, cumulatè. Cette source donne de l’eau abondamment. Ce champ me fournit abondamment de quoi vivre. Le Parasite ne seme ni ne moissonne, & trouve tout abondamment.

ABONDANCE, s. f. Foison, grande quantité, affluence de plusieurs choses en un même lieu. Abundantia, copia. La commodité des rivières amène l’abondance à Paris. Le luxe, les plaisirs, enfans de l’abondance. Cail. On se lasse des plaisirs, & l’abondance engendre le dégoût. Ablanc. L’abondance n’est pas toujours la marque de la perfection des Langues. Bouh. Tu épouseras une femme gentille, qui fera venir l’abondance chez toi. Mol. Il étoit dans une heureuse abondance de toutes choses. Patr. Il fit un fonds dans les années d’abondance, pour passer celles de stérilité. Gomb. Il a abondance de bien, ou des biens en abondance. L’Auteur du Dictionnaire Œconomique rapporte plusieurs manières, ou secrets de faire une grande abondance de bled, de crème, de pèches, de poires, &c. On dit aussi, abondance de droit. Dieu verse sur nous ses graces en abondance. Une année d’abondance. Pour exprimer qu’une grande abondance nuit quelquefois, ou rend les gens fainéans & inutiles, on a fait plusieurs devises. L’une a pour corps un arbre, dont les branches se sont rompues sous le poids des fruits dont il étoit chargé, avec ce mot : Inopem me copia fecit. L’abondance m’a appauvri. Ou bien une chandelle qui se fond à un grand feu, au lieu de s’y allumer, avec le même mot. Une chèvre bien grasse : Sterilescit obesa.

On appelle la corne de la chèvre Amalthée, la corne d’abondance. Copiæ cornu. En Sculpture & en Peinture, c’est une figure de corne d’où il sort des fruits. L’Architecture de ce Palais est ornée par-tout de cornes d’abondance. A l’égard des Médailles on observe qu’elle se donne à toutes les Divinités, aux Génies, aux Héros, pour marquer


les richesses & l’abondance, procurées par la bonté des Dieux, & par la valeur des Héros. Quelquefois l’on en met deux pour marquer une abondance extraordinaire.

L’abondance est quelquefois représentée sur les Médailles, sous la forme d’une Divinité. Elle tient à la main des épics, & elle a à ses pieds un pavot entre des épics sortant d’un boisseau.

☞ On dit proverbialement, De l’abondance du cœur la bouche parle ; pour dire, qu’on ne peut retenir certaines choses, & qu’on est pressé de s’en expliquer. Ce proverbe, si c’en est un, ou plûtôt cette phrase est prise de l’évangile, Matth. XII. 34. Luc, VI. 45. où Jesus-Christ dit : C’est de l’abondance du cœur que la bouche parle, pour marquer que quand on est plein de quelque chose, quand on l’affectionne beaucoup, on en parle souvent. Le roi parloit de la sorte, & il étoit aisé de juger par la véhémence de son action, qu’il parloit de l’abondance du cœur. Bouh. Xav. L. V.

☞ Le P. Bourdaloue, Exhort. t. 1. pag. 249. a dit : Si l’abondance du propre sens, ou l’ennui de la dépendance l’avoit porté à quelques sentimens contre l’obéissance & son aveugle simplicité, vous allez tout régler & tout réformer. On dit Abonder en son propre sens. Voyez Abonder. Mais je n’ai point vû ailleurs l’abondance du propre sens.

Abondance. Ce mot se dit dans les Colléges du vin mêlé de beaucoup d’eau que l’on sert à table aux pensionnaires, & on l’appelle ainsi, ou parce qu’on en donne abondamment, & tant que l’on veut, ou parce qu’il y a abondance d’eau. Vinum aquâ temperatum.

ABONDANCE, s. m. Nom propre d’homme. Abundantius. Il y a plusieurs Saints de ce nom. Celui que le Martyrologe Romain appelle Abonde le 27. Février, s’appelle Abondance, comme il paroît par le Martyrologe de Saint Jérôme, & ceux qui l’ont suivi. C’est une erreur de Galesinius d’avoir mis Abondien pour Abondance : ce qui a fait mettre Abonde à Baronius, sans appercevoir que son propre manuscrit de Saint Cyriaque avoit Abondance. Chast.

ABONDANT, ante. adj. Abundans, affluens, circumfluens, qui abonde, qui procure l’abondance. Un jardin abondant en fruits. La langue Grecque est fort abondante en mots. Cette maison est abondante en biens. Ce Prédicateur est abondant en paroles & en comparaisons. La Perse étoit alors paisible & abondante en toutes choses. Vaug.

Abondant, signifie encore, Grand & ample. Une pluie abondante. Une abondante nourriture. La profusion des louanges est aujourd’hui si abondante, qu’il est surprenant que tant de gens en soient si avides. Port-Royal. Un nombre abondant, en terme d’Arithmétique, est celui dont les parties jointes ensemble par addition, font un autre nombre plus grand que celui dont elles font parties. Ainsi 12, est un nombre abondant, parce que ses parties qui sont 1, 2, 3, 4, & 6, font seize. Harris. Mais 10 n’est pas un nombre abondant, parce que 1, 2 & 5, qui sont ses parties, ne font que 8.

d’Abondant. adv. Insuper, prætereà. Il lui a dit cela d’abondant. Ce mot vieillit, & ne se dit guère qu’au Palais pour marquer la surabondance de droit. A toutes ces raisons, j’ajouterai d’abondant.

ABONDE. s. m. Nom d’homme. Abundius.

ABONDER. v. n. Avoir beaucoup de quelque chose. Abundare, affluere, circumfluere. Ce pays abonde en froment, en vin, en fourrages. Cet homme abonde en richesses, en esprit. Toutes sortes de délices abondent en ce lieu. Voit. L’eau abonde en cet étang. Cette famille abonde en honnêtes gens.

☞ On dit figurément, qu’Un homme abonde en son sens ; pour dire, qu’il est attaché avec opiniâtreté à ses sentimens, & qu’il ne veut jamais s’en rapporter au sentiment des autres. Pertinax. Cette expression est prise de l’Epître aux Romains, XIV, 5. Il y a pourtant cette remarque à faire, que saint Paul l’a dit en bonne part, au lieu que dans notre langue l’usage est de la dire en mauvaise part. On parleroit mal en disant, Abonder en son sentiment, quoique sens & sentiment soient ici la même chose. Vaug. Tout abonde en vûes & en considérations politiques. Ab. De la Tr.


D iij Fuyez.
D ij Fuyez