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ABO — ABO ABR

ABOUQUEMENT. s. m. En fait de salines, c’est une addition de nouveau sel sur un meulon, ou monceau de vieux sel, qu’on appelle vache. Recentis salis ad veteris cumulum accessio. L’Ordonnance défend l’abouquement, si ce n’est en présence des Officiers Royaux.

ABOUQUER. v. a. Faire un abouquement de nouveau sel sur du vieux sel. Veteri sali recentem addere.

ABOUTÉ. adj. Terme de Blason, qui se dit des différentes pièces d’armoiries, dont les bouts se répondent & se joignent en croix. Vellera velleribus in crucem obversa.

ABOUTIR, v. n. Finir, tendre, se rendre, terminer à un certain endroit, en toucher un bout. Terminari. Cette maison aboutit au grand chemin. Tous les rayons d’un cercle aboutissent à son centre. Cette Pyramide aboutit en pointe. Vaug.

Aboutir, se dit figurément en Morale, de la fin que les choses peuvent avoir. Spectare, pertinere. Ce procès a abouti enfin à une transaction. On ne sait où aboutiront tous ces grands desseins. Cette grande recherche n’aboutira à rien. Ce long compliment n’a abouti qu’à me demander de l’argent à prêter. Les murmures alloient aboutir à une sédition. Vaug.

Aboutir, se dit aussi en Médecine, d’une plaie qui vient à suppuration. Suppurare. On met des emplâtres, des cataplasmes, pour faire aboutir des bubons, des abcès, des froncles, des tumeurs.

Aboutir, en termes de Plombier, signifie, Revêtir de tables minces de plomb blanchi, une corniche, un ornement, ou toute autre saillie d’Architecture & de Sculpture de bois. Plumbeas lamellas operi sculpto superaddere. On se sert pour cela de coins, & autres outils ; mais ensorte que l’épaisseur du métal n’empêche pas que le profil ne se conserve. Quelques-uns disent amboutir.

Aboutir, v. n. & n. p. avec le pronom personnel, se dit en termes de jardinage, pour signifier que les arbres sont boutonnés. Ainsi nos Jardiniers disent : Nos arbres s’aboutissent fort bien cette année. Les poiriers s’aboutirent très-peu l’année passée. Nos péchers sont bien aboutis. On applique ce mot aux arbres par rapport à aboutir, qui signifie à l’égard des animaux, faire comme une espèce de tête, un abcès ; en Latin, Caput facere ; parce que les boutons des arbres naissent comme de petites têtes. Liger. Peut-être aussi que les Jardiniers qui n’entendent pas tant, de finesse, l’ont tiré de bouton, & l’ont dit au lieu de boutonner. Je doute que nos Jardiniers sachent ce que veut dire aboutir en termes de Médecine. Arbres bien ou mal aprêtés, bien ou mal préparés, bien ou mal aboutis, sont termes qui signifient la même chose. La Quint.

ABOUTISSANT, ante. adj. Qui touche par un bout. Terminatus. Cette pièce de pré est aboutissante à la rivière par un bout, & par l’autre à la garenne.

On dit au substantif, Ce champ a la forêt & deux grands chemins pour ses tenans & aboutissans ; ce sont les bouts, & les côtés par où il tient à d’autres.

On dit au Palais, Donner une déclaration d’héritage par tenans & aboutissans, quand on désigne les bornes & les limites de tous les côtés : ce qu’on appelle autrement les bouts & joûtes. Fines laterum & capitum agri. Une saisie réelle des biens roturiers doit contenir tous les tenans & aboutissans.

On dit figurément, Savoir tous les tenans & aboutissans d’une affaire, d’une entreprise ; pour dire, En connoître parfaitement le secret, en savoir le fort & le foible, toutes les circonstances & les dépendances. Singula causæ capita, ordo rei & series.

ABOUTISSEMENT, s. m. Terme de couture. C’est une pièce d’étoffe que l’on coud avec une autre qui n’est pas assez longue pour aller jusqu’où l’on veut. Productio. Cette pièce est trop courte, il y faut mettre un aboutissement pour l’allonger.

Aboutissement. s. m. Il ne se dit guère que d’un abscès qui vient à aboutir. L’aboutissement d’un abscès. Acad. Franç.

ABOUTS, au lieu de BOUTS. s. m. Terme de Charpenterie, qui se dit des extrémités de toutes les pièces de Charpenterie & de Menuiserie mises en œuvre. C’est dans l’assemblage de la Charpenterie, la partie du bout d’une pièce de bois, depuis une entaille, ou une mor-


toise. Materiaræ structuræ extrema. Les Couvreurs disent aussi, On remanie about.

Tous ces mots viennent de bout.

☞ ABOY, ou ATHABY. s. m. Bourg d’Irlande. Aboya, Atboya. Ce bourg est dans le comté d’East-Méath, en Lagénie, entre les villes de Drogéda & de Molingax.

ABOYANT, ANTE. adj. Qui aboie. Des chiens aboyans.

ABOYÉ, ée. part. Il n’est guère en usage qu’au figuré. Un débiteur aboyé de ses créanciers.

ABOYER, v. n. Qui se dit au propre pour exprimer le cri des chiens. Latrare. Les chiens aboient quand ils sentent des larrons. Il se met quelquefois activement : Ce chien aboie les passans.

Le chien, qui de ses cris bat ces rives désertes,
Retint prêt d’aboyer ses trois gueules ouvertes.

dit Sar. sur la descente d’Orphée aux enfers. Ce mot vient du latin adbaudare. Ménag. ou de boare, Latin qui vient de βοᾷν Grec : ou est un mot factice, qui imite le son que fait le chien en aboyant. Nicod.

Aboyer, se dit figurément des hommes, lorsqu’ils s’attendent à quelque chose, qu’ils la désirent & la poursuivent avec avidité. Inhiare. Cet avare, cet ambitieux, aboie après cette succession, après cette charge. Ce chicaneur aboie toujours après le bien d’autrui.

On le dit encore de ceux qui font crier après eux. Un Avocat demandant à quelqu’un qui lui disoit des injures, pourquoi m’aboies-tu ? Cet autre répondit, parce que je vois un voleur. Ablanc. Cet homme est si méchant, que tout le monde aboie après lui. Un Satyrique aboie après les vices. C’est un médisant qui aboie tout le monde. Ablanc.

Je suis par-tout un fat comme, un chien suit sa proie,
Et ne le sens jamais, qu’aussi-tôt je n’aboie. Boil.

Je tiens qu’originairement aboyer & abayer sont deux mots différens ; qu’aboyer s’est dit seulement au propre, du cri des chiens, ou de ce qui lui ressemble : & qu’abayer s’est dit au second sens figuré, & est composé de bayer & béer, qui signifie, regarder attentivement, ou attendre impatiemment ; ce qu’on fait ordinairement avec une bouche béante : mais que par abus l’affinité de ces mots les a fait confondre, & prendre l’un pour l’autre.

On dit proverbialement, Abayer à la lune, pour dire, crier & pester inutilement contre une personne au-dessus de soi. On dit aussi, tout chien qui aboie ne mord pas ; pour dire, que ceux qui menacent souvent ne font pas grand mal.

ABOYEUR, s. m. Latrator. Qui aboie. Un chien qui est un grand aboyeur est importun. On appelle aboyeurs, une sorte de chiens pour le sanglier qui aboient devant lui sans l’approcher.

On le dit aussi singulièrement des hommes qui crient, & qui pressent avec importunité : Voilà bien des aboyeurs. Il y a des aboyeurs à ses côtés. Ablanc. Jamais bon chien n’aboie à faux ; pour dire qu’un homme sage ne menace pas sans raison, ou qu’un habile homme ne manque pas son coup.


ABR.

☞ ABRA. s. m. Monnoie d’argent de Pologne, qui vaut treize sous six deniers de France. L’Abra a cours à Constantinople & dans tous les Etats du Grand Seigneur, & y est reçu sur le pied du quart d’un asselani, ou daller de Hollande. Voyez Asselani.

ABRACADABRA. Terme Barbare, qui se trouve dans les Lettres de Voiture. C’est dans la 192e Lettre à M. Costar, qu’il lui propose, en riant, cette recette pour la fièvre.

Inscribas chartæ quod dicitur Abracadabra.
Sæpius & subter repetas, mirabile dictu,
Doneo in angustum redigatur littera conum.

C’est-à-dire, Abracadabra, & au-dessous Abracadabr, & à la troisième ligne, Abracadab, &c. Mr Voiture a raison de se railler de cette recette, & on auroit de la peine


à