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ABR — ABR ABS

Au Golfe d’Adria l’Absyrte tributaire
A ce commun devoir n’ose pas se soustraire.

ABSOLU, ue. adj. Souverain, indépendant. Cujus potestas summa. Prince absolu. Summus rerum Dominus. Commandement absolu. Il a obtenu cela d’autorité absolue.

Il signifie aussi, Sans réserve, sans restriction. Les Ambassadeurs ont quelquefois un plein pouvoir, un pouvoir absolu. On dit qu’un homme est absolu, impérieux, pour faire entendre qu’il veut être obéi, qu’il ne peut souffrir qu’on lui résiste, qu’il veut fortement ce qu’il ordonne. Imperiosus. On dit encore, Parler d’un ton absolu ; pour dire, parler d’un ton impérieux, commander avec hauteur. Une conduite ouverte & familière gagne mieux les cœurs, qu’une autorité sèche & absolue.

On appelle, Jeudi absolu, le Jeudi saint. Ce nom lui en venu de ce que dans l’ancienne Eglise c’étoit le jour auquel on absolvoit les Pénitens publics, comme il paroît par la lettre d’Innocent I. à Decentius. C. 7. Flodoard L. 1. de l’Hist. de Rheims ch. 14. Eloy de Noyon dans ses Homélies in Cœna Domini ; Hincmar dans la vie de S. Remi ; l’Ordo Romanus ; le Livre de Divin. Off. dans Alcuin, le Concile de Châlon sur Saône C. 47. &c. De là vient que ce jour s’appelle dans les vieux titres, Absolutionis dies, Jour de l’Absoute. Voyez ABSOUTE. Le P. Morin prétend néanmoins que ceci ne doit s’entendre que des Eglises d’Occident, & que dans les Eglises d’Orient, & même dans celles d’Espagne & de Milan, l’absolution ne se donnoit que le Vendredi saint, ou même le Samedi saint. Mr Godeau a dit la même chose ; mais d’habiles Théologiens prétendent qu’ils se trompent.

En termes de Grammairien, un terme absolu, est un terme qui ne se rapporte à rien autre chose. Il est opposé à relatif. Un Ablatif absolu, est une locution détachée & indépendante, qui ne régit rien, & qui n’est régie de rien. Dictio ab alia minimè pendens. C’est à l’imitation des Latins : Deleto exercitu : L’armée ayant été taillée en pièces. Tout bien considéré, en matière de Religion, le plus sûr est de s’en tenir aux décisions de l’Eglise. Port-R. Absolu, en termes de Philosophie, signifie, ce qui ne porte ou ne renferme point l’idée d’une relation, ni de rapport à autre chose ; & il est opposé à relatif. Homme est un terme absolu ; au contraire, Créature, Père, sont des termes relatifs, parce que l’un emporte un rapport au Créateur, & l’autre à des Enfans.

En termes de Théologie quelques Ecrivains, ou Catholiques, ou Protestans, le prennent encore dans un autre sens, & l’opposent à déclaratoire. Ainsi dans la doctrine Catholique l’absolution de Prêtre est absolue ; il remet absolument les péchés ; mais dans la doctrine des Luthériens & des Anglicans, l’absolution du Prêtre n’est que déclaratoire & ministériale. Absolu signifie encore ce qui est sans condition ; & une promesse, une proposition absolue, opposée à une promesse, ou à une proposition conditionelle.

Nombre absolu. Terme d’Algèbre en matière d’équation. C’est ce que Viète appelle Homogeneum comparationis, & qui fait toujours un côté ou une partie entière de l’équation, & est toujours une quantité connue. C’est encore le rectangle, ou le solide dont on cherche la racine inconnue. Ainsi dans cette équation a a + 16 a = 36. le nombre absolu est 36. lequel est égal au produit des deux racines ou valeurs de l’a ; c’est-à-dire, à a multiplié par lui-même, plus a pris seize fois. Equation absolue, en termes d’Astronomie, est la somme de deux équations de l’excentrique, & de l’optique. Harris. Voyez EQUATION.

ABSOLUMENT, adv. Souverainement, avec une autorité absolue. Summo jure. Il commande absolument dans la Province. Il signifie impérieusement & décisivement. Superbè. Cet homme parle absolument, & en maître. Ce mot vient du Latin absolvere, en tant qu’il signifie achever, parce que celui qui commande absolument, veut que la chose s’exécute sans trouver d’opposition.

Il signifie quelquefois, Tout-à-fait, entièrement, sans réserve, & sans restriction. Prorsus, omninò. Il le nie absolument.

Il signifie encore, Nécessairement, de nécessité absolue. Il


faut partir absolument, & sans repliquer. On dit vouloir absolument, pour dire, Vouloir déterminément, & à quelque prix que ce soit. Je n’en ferai absolument rien, & toutes vos remontrances ne m’y feront point consentir. La nature ne se laisse pas conduire au hazard, & n’est pas absolument ennemie de l’art & des règles. Boil.

On dit aussi en Grammaire, qu’un mot se dit absolument, quand il est sans régime. Par exemple. Il faut prier sans cesse : le verbe prier est mis là absolument, parce qu’il ne régit rien. En Philosophie & en Théologie, absolument, outre les significations déjà rapportées, signifie encore. 1°. De soi même, par soi-même, sans rapport à aucun autre, indépendamment de tout autre, & il est opposé à relativement. L’Homme pris ou considéré absolument, est un animal raisonnable. 2°. Sans addition, sans restriction, sans modification. Cela est bon absolument. En ce sens on y joint souvent simplement. Cela est simplement & absolument bon. Simpliciter & absolutè bonum. Absolument & simplement universel. 3°. Par une puissance, une vertu extraordinaire, au dessus ou hors du cours ordinaire de la nature. Les accidens se peuvent absolument séparer de leur sujet. 4°. Quelquefois absolument en morale veut dire, Souverainement. Dieu, la dernière fin de l’Homme, est absolument bon. 5°. Absolument signifie sans condition. Dieu ne promet point absolument le pardon, mais à condition qu’on sera véritablement repentant de ses péchés.

En Géométrie absolument, se prend encore pour Entièrement, parfaitement. Ainsi on appelle absolument rond, ce qui l’est entièrement, parfaitement, pour le distinguer de ce qui n’est que presque rond, comme la cycloïde & la sphéroïde.

Absolument, se dit d’une chose dont on parle en général, & sans entrer dans le détail. Universè, ou generaliter & absolutè. Cet ouvrage a quelques défauts, mais il est bon absolument parlant.

ABSOLUTION, s. f. Jugement juridique, par lequel l’accusé est absous & déclaré innocent. Absolutio. Il a obtenu un arrêt d’absolution en matière criminelle. Quand les opinions sont partagées entre la condamnation & l’absolution, on renvoie l’accusé absous ; cette jurisprudence est fondée sur les Loix de la Nature & sur le Droit Civil : c’est le sentiment de Faber sur la Loi 125. De div. reg. jur. de Cicéron pro Cluentio, de Quintilien declam. 254. de Strabon Liv. 9. On dit aussi, Absolution d’une demande civile, quand on en est déchargé.

J’entens que l’usurpation
De mon cœur, qu’avez à present,
N’empêche l’absolution ;
Car je vous en fais un present. S. Gel.

Absolution. Il y a deux sortes d’absolutions ; absolution des censures, & absolution des péchés.

Absolution des censures. C’est un acte judiciaire par lequel un juge ecclésiastique ou son délégué remet dans la possession de certains biens spirituels, dont on avoit été privé par l’excommunication ou la suspense, ou l’interdit. L’absolution des censures se donne au for intérieur, c’est-à-dire, au tribunal de la pénitence, ou au for extérieur. Quand les censures sont secrettes, & qu’elles n’ont pas été déduites aux tribunaux de justice, l’absolution s’en donne au for de la pénitence par un prêtre ; autrement elle se donne dans le for extérieur par un ecclésiastique qui a la jurisdiction ordinaire ou déléguée, pourvû qu’il ne soit pas excommunié ou suspens dénoncé. Quant aux censures à jure, dont l’absolution n’est pas réservée, tout prêtre approuvé pour entendre les confessions, peut en absoudre dans le tribunal de la pénitence. La formule dont il doit se servir est celle-ci : Ego te absolvo ab omni vinculo excommunicationis, suspensionis & interdicti in quantùm possum, & tu indiges. Que si l’absolution de la censure est réservée à certain Supérieur, il n’y a que celui à qui la réserve en est faite, ou son Supérieur, ou celui à qui il en auroit donné un pouvoir spécial, qui en puisse absoudre. Pour les censures ab homine, comme elles sont toutes réservées, il n’y a que celui à qui elles sont réservées, ou son Supérieur, en cas d’appel, (Il en faut excepter le temps


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