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sous prétexte qu’ils font coucher par terre le pénitent, & qu’en cet état ils récitent sur lui des prières en forme d’absolution ; car les Grecs se confessent d’ordinaire assis. Ils se contentent de se prosterner deux fois, à savoir, au commencement, quand ils demandent la bénédiction du Prêtre, qui invoque sur eux la grace du S. Esprit, & à la fin quand ce même Prêtre prie Dieu qu’ils puissent accomplir la pénitence qu’il leur impose. En un mot, il ne faut point condamner tout ce qui est conforme à leurs anciens Livres Pénitentiaux, & ce que Clement VIII. n’a point blâmé dans son Instruction sur les Rits des Grecs.

C’est une erreur de dire que dans l’ancienne Eglise on n’accordoit l’absolution aux Pénitens qu’après une satisfaction publique. Il n’y avoit qu’un petit nombre de crimes énormes & publics que l’Eglise soumît à la pénitence publique, comme l’idolatrie, l’homicide, & l’adultere. C’est encore une erreur de dire que jusqu’au vi. siècle de l’Eglise on n’a accordé l’absolution qu’une fois. C’est la pénitence publique qu’on n’accordoit qu’une fois, & non pas l’absolution en général. Il n’y a jamais eu que Novat qui ait porté les choses à cet excès. Les Novatiens & les Montanistes n’alloient point jusques-là. Ils accordoient la pénitence à tous les péchés légers & médiocres. Il n’y avoit que les grands péchés que Tertullien appelle des monstres, auxquels ils prétendoient que l’Eglise ne pouvoit, ou ne devoit point accorder l’absolution après le Baptême. Cela est évident par Tertullien l. de Pudic. & par Origène, l. de Orat. qui tous deux étoient infectés de l’erreur des Montanistes, & par ceux qui ont combattu les Novatiens, comme S. Ambroise, l. de Pœnit. & S. Pacien de Barcelonne, ep. 3. &c. Quelquefois même, dans la pénitence publique, on accordoit l’absolution & l’Eucharistie avant que la pénitence fût accomplie. Pour les péchés qui n’étoient point soumis à la pénitence publique, M. Godeau, qui croit que l’absolution se donnoit régulièrement quand la satisfaction étoit achevée, avoue pourtant que souvent, & pour des raisons assez légeres, elle se donnoit immédiatement après la confession.

L’Absolution cum reincidentia, ou avec rechûte, est une absolution qu’on donne à un homme lié des censures avec modification ou limitation : ce qui peut se faire en deux maniéres. 1°. En suspendant l’effet de la censure pour un certain temps, durant lequel celui qui en avoit été frappé, peut recevoir les sacremens, assister aux offices divins, & communiquer avec les fidéles. Mais ce temps-là expiré, il retombe dans l’excommunication sans autre sentence. 2°. En donnant cette absolution à certaines charges ou conditions qui, n’étant pas accomplies, font renaître la censure ; par exemple, à la charge qu’on satisfera la partie offensée, qu’on fera quelque bonne œuvre dans un certain temps, après lequel, si la chose n’est pas exécutée, on retombe dans la censure. Il n’y a que les Evêques, leurs grands Vicaires, leurs Officiaux, ou ceux à qui ils en donnent un pouvoir spécial, qui puissent donner l’absolution ad reincidentiam, parce que pour donner cette sorte d’absolution, il faut avoir jurisdiction au for extérieur ; ainsi les Curés & les simples prêtres n’ont pas ce pouvoir, même dans le temps du Jubilé. Ils ne peuvent donner que l’absolution simple, tout le pouvoir étant renfermé dans le for du sacrement de pénitence. En France on croit communément que celui qui en péril de mort a été absous par un simple prêtre d’une censure réservée, ne retombe pas dans la censure, quoiqu’après être revenu en santé, il ne se présente pas devant celui à qui elle étoit réservée.

☞ En Chancellerie Apostolique on appelle absolution à sævis, une grace accordée par une signature particuliére, à celui qui a assisté à quelque jugement de mort, ou qui a commis quelque cas qui rend irrégulier & incapable de posséder un bénéfice. Ce mot vient du latin absolutio, qui a le même sens, & de solvere, délier.

C’est une maxime que l’excommunié par sentence demeure en état d’excommunication, nonobstant son appel : ainsi pour éviter les inconveniens qui pourroient arriver, l’on demande au Juge l’absolution que les Docteurs appellent ad cautelam, laquelle n’a d’effet que pendant l’appel, & ne se doit accorder qu’avec beaucoup de


circonspection. Cette absolution ne se donne qu’après que le condamné affirme par serment qu’il exécutera le jugement qui sera rendu. Voyez Eveillon, Traité des excommunications. Quelques-uns croient que l’absolution ad cautelam ne se donne que par provision à celui qui a été excommunié, dans la crainte qu’il ne meure subitement, ou par quelque accident, avant qu’il ait pû se faire absoudre. Mais ce n’est point par cette raison ; car elle se donne moins en faveur de celui qui a été excommunié, qu’en faveur de ceux, qui par une conscience timorée feroient scrupule de fréquenter l’excommunié : or cette absolution leur sert de précaution, pour les assurer qu’ils ne participent point à l’excommunication. Bouchel. On dit aussi absolution à caution, & tous ces mots se trouvent dans les bons Livres. La première fois que l’on trouve qu’il est fait mention de l’absolution à cautele, ad cautelam, c’est dans une lettre du Pape Célestin écrite en 1195. à l’Evêque de Lincoln, où il lui ordonne de publier une suspense par tout le Diocese d’Yorck, & à Géofroy qui en étoit Archevêque, en l’avertissant cependant d’absoudre ces personnes ad majorem cautelam.

Absolution, en termes de Bréviaire, est une courte prière que dit celui qui officie à chaque nocturne des Matines avant les bénédictions & les leçons. On appelle absolutions, les encensemens & aspèrsions d’eau benite qu’on fait sur les corps des Princes & des Prélats qu’on enterre avec grande cérémonie.

ABSOLUTOIRE, adj. Qui porte absolution. Absolutorius. Il a une sentence absolutoire.

ABSORBANT, s. m. ABSORBANS. pl. Terme de Médecine, qui est tantôt adjectif, tantôt substantif. Medicamina ad absumendum nata. On appelle absorbans des médicamens terrestres & poreux, qui s’imbibent aisément des sels acides & alkalis, & qui boivent les substances aqueuses ou sulphureuses. Les os calcinés, la corne de cerf préparée, l’yvoire brûlé, le corail, les yeux d’écrevisse, &c. sont de véritables absorbans. On a confondu quelque temps les absorbans avec les sels alkalis, sans doute à cause de leurs effets & de leurs propriétés ; les alkalis absorbant les acides en amortissent l’activité. Le quinquina est une sorte d’absorbant qui guérit les fièvres intermittentes.

☞ ABSORBANT, TE. adj. On emploie des poudres absorbantes, quand il regne sur les superficies une fluidité qui les feroit s’attacher. M. l’abbé Nollet, Phys. expér. t. I. p. 17.

ABSORBER, v. act. Engloutir, dissiper, consumer, emporter. Absumere. Les eaux absorbent presque toute la lumière qu’elles reçoivent du soleil. Roh. Il est peu en usage au propre, si ce n’est en parlant des animaux voraces : mais il se dit au figuré, & il emporte d’ordinaire un mauvais sens. Les droits de la Femme ont absorbé tous les biens du Mari. Le frais d’un scellé absorbent les plus clairs deniers de cette succession. Ce goinfre a absorbé tout son patrimoine. La voix est absorbée dans les voûtes. Ablanc. c’est-à-dire, qu’elle s’y perd. La question de l’infaillibilité de l’Eglise absorbe toutes les autres controverses. Claude. Ce mot vient du Latin absorbeo, signifiant le même.

Absorber, se dit en jardinage, des branches gourmandes qui naissent sur les arbres fruitiers, & qui ôtent aux autres branches la plus grande partie de la nourriture dont elles ont besoin. Il faut être très-soigneux de retrancher les branches gourmandes, crainte qu’elle n’absorbent la substance nécessaire pour nourrit le teste du corps de l’arbre. Cette branche a toute absorbé la sève, ou le suc nourricier. Liger. Il se dit avec le pronom personnel. Comme tout passe & s’absorbe pour jamais dans l’éternité de Dieu, les choses périssables ne valent pas la peine d’être considérées. Ab. de la Tr.

ABSORBÉ, ÉE. part. ☞ pass. On dit d’un homme profondément appliqué à quelque chose, qu’il y est absorbé. Acad. Fr.

ABSORPTION, s. f. Action d’absorber, engloutissement. Mr Descartes ne nous fait-il pas appréhender que notre tourbillon, infiniment plus grand que la sphère du feu, ne soit absorbé quelque jour, lorsqu’on y pensera le moins ? Et quand par cette absorption le Soleil sera devenu Terre, & que peut-être en même temps la matière sub-


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