Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/20

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iuſqu’au Mozambic. Mais auant d’y aborder ie ne lairray en arriere les choſes plus rares que nous rencontraſmes en chemin. Nous euſmes le plaiſir de voir vn grand nombre de poiſſons de diverſes ſortes, de Dauphins, de Balaines, & autres d’vne merueilleuſe grandeur. Mais en iceux nous ne viſmes rien de plus admirable que certains petits poiſſons à guiſe de petits harans, qu’on appelle Volans. Ils ont des aiſles cartilagineuſes, de meſme que les chauues-ſouris, au moyen deſquelles ils ſortent de la mer, fuyans quelques autres poiſſons de proye, & ſe guindent en l’air, ou ils rencontrent d’autres à qui parler. Car il y a certains oyſeaux qui les attendẽt à la ſortie. A la verité la chaſſe en eſt fort agreable, ils ſortent d’un meſme lieu à pluſieurs milliers, & la multitude des poiſſons de toute eſpece eſt ſi grande en l’Ocean, que bien ſouuent des milliaſſes toutes entieres de poiſſons, accompagnent les Nauires, voguans de trois cens lieuës. La peſche en est fort ordinaire, & les paſſans n’ont de plus delectable rafraichiſſement qu’en ceſte prinſe. Les oyſeaux ſont de pluſieurs façons, les vns reſſemblent aux pigeons, les autres aux corbeaux, & aux corneilles, & tous d’autant qu’ils viuent en l’eau, ont