Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/28

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de venir vne autre fois à l’impourueu inueſtir la citadelle. Ils remõtent donc leur artillerie à bord, mais non pas toute, car la plus belle & la plus groſſe piece demeura pour gages entre les mains des Portugais, en la maniere qui s’enſuit. Ils l’auoient deſia chargée auec des faucons ſur vn bateau qui demeura toute la nuict ſur le riuage, pour le lendemain la porter aux nauires. Mais la meſme nuict les vẽts furent ſi grands, qu’ils rompirent la cõmande qui retenoit le bateau au port, lequel s’en alla de ſon flot rendre à terre, ce qui fut apperceu d’vn Portugais, qui de bõne fortune ſe trouua là, lequel ſoudainement auec nombre de ſes eſclaues, fit deſcharger la piece, la fait enſeuelir dans le ſable bien auant, & bruſle le batteau d’vn autre coſté. Le matin eſtant venu, les Hollandois deſcendent de leur Nauire pour prendre la piece, s’ils l’euſſent trouuée : mais elle n’y eſtoit plus, & furent ſaluez du bon jour que les habitans du pais leur dõnerent à grands coups de fleſches, deſquelles ils en tuerent cinq, les plus ſages furent d’aduis de ſe retirer. Or i’ay veu le canon dans la citadelle, & ay recogneu à l’inſcription qu’elle porte, qu’il a eſté fondu à Mildebourg en Zelãde. Il auait ſur le dos vne fortune gra-