Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/51

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nous lauer le corps, auec l’eau chaude, & de bõnes herbes, car nous auions bien cõtracté de l’ordure par l’eſpace de neuf & tant de mois, que nous auiõs demeuré dãs le nauire. En apres on nous habille a la façon que nos Peres le font aux Indes, ne retenãt quaſi rien de ceſte forme de veſtemẽt que nous auions apporté d’Europe. Les veſtemẽs eſtoient fort legers à cauſe du chaud, & beaucoup plus deliez que celuy duquel vous vſez en Eſté. Cõme nous fuſmes veſtus, vindrent les barbiers (ce ſont des ſeruiteurs du College) qui nous firent le poil, la barbe, & la courõne, à la mode du païs : & de là on nous mena diſner au refectoire, qui eſtoit orné de belles fleurs, & tout parſemé d’herbes. Nous demeuraſmes tout ce jour là, & le ſuiuant au College. Le troiſieſme eſtãt venu, le P. Prouincial nous cõduiſit à la maiſon Profeſſe, qui s’appelle du nom de I e s v s : en laquelle nous entraſmes tous par l’Egliſe, fort magnifiquemẽt parée. Ie n’ay jamais veu de maiſon ny d’Egliſe de noſtre Compagnie ſi belle, qu’eſt ceſte cy. Là les autres Peres s’arreſterent deux jours, puis ils allerẽt demeurer deux autres jours au Nouitiat, d’où ils furent enuoyés en la maiſon qu’on nõme de Saincte Anne, ſituée en vne