Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/63

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tres. Les dernieres que nous auons reçeuës, & de plus fraiſche date, contenoiẽt cecy en ſubſtãce, qu’il eſtoit encore eſloigné de Catay du chemin de cinquante deux bonnes iournées, & qu’il partoit au premier iour pour y aller, en compagnie de quelques marchands, qu’on appelle en ce païs là Cafilas, & nous Carauanes, auſquels il eſt permis d’y entrer en certain tẽps de l’année, & en vn certain nombre, ie croy que c’eſt de ſeptante deux. Il a en vn ſi long voyage, encouru vne infinité de dangers, marchant perpetuellement dans les terres des Mahometans. Il ſe dit eſtre, pour plus facilement paſſer, Chreſtien d’Armenie, ayãt à ceſt effet changé ſon nom. Il a ſçeu de bonne part, qu’en ce grand Empire de Catay, il y a beaucoup de marques du Chriſtianiſme. Car ils ont des Eueſques mitrez, les ſainctes Euangiles, des Images, ils conferent le Bapteſme, obſeruent le Careſme, & les Preſtres gardent le Celibat, & autres tels argumẽs de noſtre Chreſtienté. Toutes leſquelles choſes il a apprins ſur le chemin d’vn Medecin qui eſtoit captif entre les mains des Turcs, & que bien toſt il nous en eſcrira de plus certaines & aſſeurées nouuelles. La bõté infinie de noſtre Dieu permettra ſans doute, que ces belles &