Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/67

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Comme donc les deux armées ſont toutes preſtes à choquer ; voilà que l’vn de ces Capitaines, s’en vient inopinément au Roy, ſe jette à genoux deuant luy, & luy demande humblement pardon de ſa faute. Mais le Roy penſant que ce traiſtre ſe mocquaſt encore vn coup de luy, & d’vne ruſe nouuelle ne le vouluſt deceuoir ; ſurpris de cholere, deſgainãt ſon cimeterre, le luy paſſe à trauers du corps, & le tue : le fils de ce Capitaine qui auoit accompagné ſon pere, & eſtoit aux pieds du Roy, voyant meurtry cruellement ſon propre pere, & ne pouuant endurer cela ; laſchant ſon arquebuſe, tire droict au Roy, & du coup le vous porte roide mort par terre. Tout auſſi toſt les deux armées au lieu de combattre, ſe mettent en deuoir d’eſlire vn nouueau Roy. Ce ne fuſt pas ſans diſpute, car les vns en eſliſent, mais mal, vn qui eſtoit preſent ; les autres en creent vn qui n’y eſtoit pas, & le font venir. Le premier regna par faueur, pendant que l’autre venoit ; qui eſtant arriué ayant le droict de ſon coſté, tira fort aiſement à ſon party tous les autres : ce que voyant ceſt autre premier Roy, perdant courage, s’enfuit ; laiſſant la courõne au legitime ſucceſſeur. Celuy cy ayant commencé à regner, appelle à ſoy