Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/71

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de meſme, par toute la coſte des Malabares, qu’en la Preſque-Iſle de Salſete, ayãt ne plus ne moins que là, charge de tous les Chreſtiẽs du païs, & non ſeulement là, mais encore à Trauancor, Comorin, & a la coſte de la Peſcherie : de tous leſquels endroits ie ne dis riẽ, pour autant que c’eſt vne meſme choſe que Salſete ; ſinon qu’on dit que toutes choſes ſont icy encore plus belles & plus ſomptueuſes. Quãt eſt de Ceilan, c’eſt vne Iſle droit à l’oppoſite du Cap de Comorin, en laquelle demeurẽt douze des noſtres. Toute l’Iſle pour la plus grand part eſt aux Portugais, s’en eſtãs rendus maiſtres à ceſte occaſion. Ils y auoient deſia deux citadelles, l’vne à Colombo, l’autre à la pointe de Gale, leſquelles furent ſouuent aſſiegées, mais touſiours pour neant, par le Roy de l’Iſle, nommé Rachul. Or pour vẽger ces iniures, les Portugais enuoyerent vne flotte de nauires, laquelle trouuant le Roy mort, & l’Iſle diuiſée en pluſieurs factions, en occupa fort heureuſement la plus grande partie. Mais la temerité de l’un des Capitaines de la citadelle, mit toutes les affaires en deſarroy. Il auoit pres de ſoy vn des plus grãds Seigneurs du païs, qu’il fit mourir pour quelques legers ſoupçons, dequoy irritez les