Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/80

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à terre, combien qu’ils furent vn peu empeſchez par vingt Portugais & peu d'Indiens, leſquels des ramparts auant combatirẽt contre eux, depuis les quatre heures du ſoir iuſques aux huict heures du matin, pendant lequel temps on coupoit le põt, on bruſloit les maiſons, & tout ce qui pouuoit ou nuire à la Citadelle, ou ſeruir à l'ennemy, & portoit on dedans la Citadelle tout ce qui pouuoit eſtre neceſſaire pour ſouſtenir le ſiege. Quãd tout fut preſt, le Gouuerneur commãde qu'on entre dedãs, & apres auoir fait cinq fois la monſtre, il ne ſe trouua dans la Citadelle que cent quarante cinq ſoldats, bons & mauuais, ſains & malades, Portugais & Iaponois : car de bonne rencontre, quelques vns d’iceux trafiquoient en ce temps là à Malaca. Ces Iaponois ſont bons Soldats, & furent contez & tenus comme Portugais, tant à la ſolde qu'au corps de garde & aux ſentinelles, & de vray ils ſe monſtrerent braues gens en toutes les eſcarmouches qui ſe firent : car toutesfois & quantes qu’on faiſoit des ſaillies ſur les ennemis, ils y alloient tous ſeuls, le Gouuerneur ne voulant hazarder ce peu de Portugais qui luy reſtoit, & ce à leur grand regret. Voila doncques que les Hollandois enuironnent la