Page:Trollope - La Pupille.djvu/230

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suis cru près d’un second père aussi bon, aussi soigneux et aussi indulgent que le premier.

— Dis un frère, Algernon, murmura le petit Frédéric qui, depuis leur arrivée, ne cessait d’admirer les deux jeunes gens. Il a juste l’air d’être ton frère.

— Vraiment, tu trouves cela, Frédéric ? » reprit sir Charles en souriant et en lançant un tendre regard à Florence.

Celle-ci détourna la tête, sa belle-mère rougit, son père sourit affectueusement au baronnet, les enfants ne virent rien, mais Algernon ouvrit ses grands yeux pétillants d’esprit et dut comprendre quelque chose. Juste à ce moment et quand, je l’avoue, aucun d’eux ne semblait désirer une interruption, la porte s’ouvrit, et miss Martin Thorpe parut. Elle était un peu émue et plus colorée qu’à l’ordinaire ; mais quand, après avoir serré la main de sir Charles, elle aperçut Algernon, elle devint excessivement pâle. Elle avait toujours trouvé inutiles et ridicules les soins sans nombre dont mistress Heathcote entourait le jeune homme, car toutes ces précautions, pensait-elle, pouvaient à peine retarder sa mort de quelques semaines. Aussi, en le revoyant tout à coup si beau et si fort, elle en éprouva un tel déplaisir, qu’elle faillit se trouver mal ; il eût été vraiment heureux pour elle que quelqu’un imaginât d’ouvrir la fenêtre pour lui donner de l’air, mais elle dut s’en passer. Enfin, elle se remit un peu et parvint à dire à sir Charles :

« Pouvons-nous laisser mon cousin Algernon raconter ses voyages à sa famille et aller causer un instant dans mon appartement ? »

Quoique le baronnet eût beaucoup préféré rester où il était, il dut consentir à suivre l’héritière ; mais, en entrant chez elle, il s’écria :

« Comment avez-vous pu ranger ainsi cette pièce ? Il