Page:Trollope - La Pupille.djvu/279

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Mais M. Thorpe, après avoir plusieurs fois donné des signes de son mécontentement, s’écria, emporté par la colère :

« Algernon, je ne comprends pas que vous soyez ravi du départ de Sophie Martin ; elle ne vous aimait pas et vous pouvez la payer de retour, c’est très-naturel ; mais que vous vous égayiez ainsi de voir votre cousine courir les champs avec un homme dont nous ne connaissons pas les intentions, il n’y a pas là sujet à plaisanter comme vous ne cessez de le faire.

— C’est plus fort que moi, monsieur Thorpe, et j’en suis confus moi-même ; cependant je vous dirai pour atténuer mes torts que ce n’est pas de ma cousine Sophie, mais de M. Brandenberry, que je me permets de rire.

— C’est à ceux qui triomphent qu’il faut laisser le persiflage, Algernon, et ce n’est pas à vous, mais à M. Brandenberry, à rire en ce moment.

— Comment, monsieur, vous croyez qu’il rira quand à son retour il apprendra que c’est miss Sophie Martin et non miss Martin Thorpe, de Thorpe-Combe, qu’il a conduite à l’autel en chaise de poste à quatre chevaux ?

— Oh ! l’abominable garçon ! répondit M. Thorpe. Voyons, Algernon, vous n’imaginez pas que Sophie se laissera épouser sous ce nom, sans avertir M. Brandenberry de mon retour ?

— Et pourquoi non, monsieur ? demanda Algernon très-sérieusement.

— Parce que cela ne peut pas être, répondit M. Thorpe, de plus en plus mécontent de celui qui l’avait toujours charmé jusqu’à ce jour.

— N’en parlons plus, cher monsieur Thorpe, reprit Algernon en rougissant beaucoup, bien entendu vous pensez que j’ai dit une bêtise ? et vous ne me croyez pas ?