Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/186

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moins, nous devons être assez charitables pour croire que cet homme doit répugner à l’accomplissement d’un tel crime. Plus j’y pense, moins je devine ce qu’il fera.

— Il me demandait pourquoi on ne recommençait pas les recherches.

— Vraiment ? Je ne serais pas étonné que le pauvre diable fût charmé d’être enfin délivré de ses ennuis, même au prix de la perte de Llanfeare. Voici ce que je vais faire, Ricketts. Je vais écrire au père de miss Brodrick et le prier de venir ici avant le procès. Il est beaucoup plus intéressé que moi dans l’affaire, et il doit avoir une opinion sur la conduite à tenir. »

M. Apjohn écrivit à M. Brodrick d’arriver sur-le-champ. « Je n’ai pas le droit de vous affirmer, disait-il, qu’il y a lieu de considérer un testament postérieur comme existant encore. Je ne voudrais pas faire naître en vous des espérances qui pourraient être déçues. Je ne puis que vous dire mes soupçons, et sur quoi ils sont fondés. Il serait bon, je crois, que vous vinssiez convenir avec moi des mesurer à prendre. Si c’est votre avis, arrivez sans délai. Le procès doit être jugé le vendredi 30. » La lettre était écrite le jeudi 22 ; il ne restait donc guère qu’une semaine.

« Vous viendrez avec moi, » dit M. Brodrick à M. Owen, après lui avoir montré la lettre de M. Apjohn.

« Pourquoi irais-je avec vous ?

— Je le désire ainsi, — à cause d’Isabel.

— Nous ne sommes rien l’un à l’autre, Isabel et moi.

— Je suis fâché de vous entendre parler ainsi. Ne me disiez-vous pas l’autre jour qu’elle serait votre femme, en dépit d’elle-même ?

— Elle sera ma femme, si M. Jones demeure le propriétaire incontesté de Llanfeare. On m’a expliqué autrefois pourquoi votre fille, comme proprié-