Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/326

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moins dans la plus grande partie du royaume, que celle qui se fit sentir à Paris et dans les provinces du nord, durant l’intervalle de la récolte de 1740 à celle de 1741.

J’ai eu la curiosité de relever les prix du froment à Angoulême pendant cet intervalle : nous vivions alors sous la loi des règlements, et il n’y avait même pas eu d’exportations dans les provinces méridionales, puisqu’on sortait d’une disette considérable en Limousin et en Angoumois. La mer était libre, nous étions en pleine paix avec l’Angleterre. Angoulême est sur une rivière navigable età portée de la mer, les blés peuvent en être transportés facilement jusqu’à Paris.

Après ces observations préliminaires, daignez, monsieur, jeter les yeux sur le tableau qui suit, et qui vous présente la comparaison, mois par mois, des prix de Paris et de ceux d’Angoulême :

Comparaison des prix du froment à Paris et à Angoulême
pendant la disette de 1740 à 1741.

Les prix marqués dans ce tableau sont les prix moyens de chaque mois, formés d’après les prix de tous les marchés tenus dans chaque mois. Il en résulte que tandis que le froment valait 45 livres à Paris, il ne valait à Angoulême que 17 livres ; et que, pendant toute la durée de la disette, l’inégalité des prix entre Angoulême et Paris a été assez grande pour qu’il y eût eu du profit à porter des grains d’Angoulême à Paris, même par terre, et à plus forte raison par les rivières et par la mer. Je demande pourquoi l’abondance d’Angou-