Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/447

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droit, et en marquant bien le nom de la ville et de la province.

On se ferait, en comparant leurs notes avec les cartes du père Du Halde, une idée assez exacte de la nature du terrain dans les différentes provinces de la Chine. Car, pour peu qu’on soit versé dans l’histoire naturelle, on sait à peu près quelles sont les principales matières qu’on trouve dans un pays où l’on sait que telle ou telle pierre est dominante. — Ainsi, en voyant le granit et l’ardoise dominer en Bretagne, on sait fort bien qu’il ne faut pas y chercher les pierres blanches calcaires à bancs horizontaux et pleines de coquilles des environs de Paris. — Quand on voit aux environs de Paris de ces sortes de pierres, on sait bien qu’on ne pourra, trouver ni granit, ni ardoise, ni charbon de terre, ni mines d’or, d’argent, de plomb, d’étain, etc. — En voyant d’autres natures de pierres, on reconnaît qu’une province est ou a été autrefois remplie de volcans.

Mais il faut avoir attention de prendre les pierres qui sont de la première formation des montagnes du pays, et non pas les pierres qui ont été roulées par les eaux et déposées sur les rampes des montagnes ou dans les vallons. MM. Ko et Yang pourraient donc écrire dans leur journal de voyage, des notes, à peu près de la manière suivante :

« Province de Chen-si.

Si-ngan-fou : « Les rochers des environs sont de granit ou de telle autre pierre. À telle distance, du côté de l’est, il y a une mine de plomb. »

Il suffirait qu’ils envoyassent chaque année ces notes en Europe.

Un moyen plus sur encore, mais qui peut-être leur causerait trop d’embarras, serait d’amasser dans leurs voyages un échantillon de la pierre la plus commune, et de coller dessus une étiquette ou un numéro qui renverrait à un mémoire où ils marqueraient le nom chinois de la pierre, le nom de la province et celui de la ville où elle aurait été prise. — Un morceau de pierre gros comme une noix suffirait pour chaque espèce. — Ces morceaux rassemblés formeraient une caisse qu’ils auraient la bonté d’envoyer en Europe avec les étiquettes. Pour ne pas grossir inutilement la caisse, il faudrait, au lieu de prendre un échantillon dans chaque ville, n’en prendre que lorsque le pays changerait de nature, et qu’on y verrait des pierres d’une autre espèce, et se contenter de marquer dans leur journal : à telle ville, mêmes pierres qu’à Si-ngnan-fou.