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à présent les sieurs La Forêt de cette partie de l’exemption qu’ils demandent. Peut-être même les avantages qu’ils en retireront engageront-ils d’autres entrepreneurs à solliciter la même faveur : dans ce cas je serais d’avis de l’accorder, afin que l’industrie jouît d’avance de cette partie du bien que le nouveau tarif doit produire.

À l’égard des cotons filés tirés de l’étranger, je crois qu’il est très-intéressant pour toutes nos manufactures de laisser subsister les droits établis, parce que c’est le seul moyen de rendre la filature générale en France, et de la porter rapidement à sa perfection. C’est un bien que les sieurs La Forêt peuvent procurer au Limousin. Ils ont déjà commencé cet ouvrage : ils doivent s’occuper sérieusement, et par zèle et par intérêt personnel, des moyens de l’achever.

Il ne me reste plus qu’une observation à vous faire : ils demandent leurs privilèges pour vingt ans. La déclaration du roi, du 24 décembre 1762, article 2, y met obstacle, en fixant au terme de quinze années de jouissance tous les privilèges qui ont été accordés, ou qui le seront dans la suite.

Je désire que vous pensiez comme moi sur les articles de la demande des sieurs La Forêt, qui m’ont paru souffrir des difficultés, et je vous prie de m’envoyer un projet de l’arrêt qui vous paraîtra devoir être expédié en leur faveur.


RÉPLIQUE DE TURGOT À M. TRUDAINE.

À Limoges, le… 1766.

Monsieur, j’ai à me reprocher d’avoir perdu de vue depuis bien longtemps la réponse que vous avez faite à une lettre que j’avais eu l’honneur de vous écrire au mois de février, à l’occasion des exemp-

    l’intérieur de la France, dont il s’occupait depuis longtemps avec autant de sagesse que de lumières, allait être prononcée.

    La résistance des financiers d’alors, et des protections qu’ils avaient à la cour, fut si vive et si efficace que ni lui, ni M. Turgot dans son ministère, ni les ministres qui leur ont succédé, et qui n’ont jamais abandonne cet utile projet, n’ont pu mettre à exécution le vœu général de la nation française, si fortement commandé par l’intérêt le plus évident de l’agriculture, des manufactures et du commerce. Il a fallu pour le remplir une révolution et l’autorité de l’Assemblée Constituante. {Note de Dupont de Nemours.)