Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/524

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3o Parce que l’impôt indirect impose une foule de gênes sur le commerce ; qu’il entraîne des procès, des fraudes, des condamnations, la perte d’un grand nombre d’hommes, une guerre du gouvernement avec les sujets, une disproportion entre le crime et les peines, une tentation continuelle et presque irrésistible à une fraude cependant punie cruellement ;

4o Parce que l’impôt indirect attaque sur mille choses la liberté ;

5o Parce qu’il nuit beaucoup à la consommation, et par là se détruit lui-même ;

6o Parce que les dépenses de l’État en sont augmentées, puisque l’État le paye sur sa propre dépense et sur celle de tous ses agents ;

7o Parce qu’il donne aux marchands étrangers un avantage dans la concurrence du commerce ;

8o Enfin, parce que ses effets ne sont pas exactement calculables, au lieu qu’un propriétaire peut toujours savoir dans quelle proportion de son revenu il paye.

Dans l’imposition directe, l’État sait ce qu’il impose ; il sait aussi clairement ce qu’il peut imposer.

On y trouve tout ce qu’on peut souhaiter dans l’administration, simplicité, sûreté, célérité.

Impositions directes.

Sur les personnes ou sur les terres.

Celle sur les personnes, par elle-même choque la raison ; elle n’a jamais pu être imaginée que par la paresse et pour avoir plus tôt fait.

Il est impossible qu’elle soit uniforme,

1o Parce qu’il y a des gens qui n’ont rien ;

2o Parce que, si l’on ne voulait que taxer la personne, qui n’est qu’un amas de besoins, du moins faudrait-il taxer sur le pied de la dernière classe de la société ; et, à un taux si bas, l’imposition ne rapporterait pas grand’chose.

Il faut donc revenir à classer les personnes à peu près à raison de leurs facultés. Alors ce n’est plus qu’une imposition sur les biens, faite arbitrairement et sans règle.

Si l’on y comprend ce qu’on appelle toutes les facultés, l’industrie, le commerce, leurs salaires, les profits nécessaires à leur exercice, etc., cette capitation est en ce point une imposition indirecte.