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dans les élections de Limoges et d’Angoulême, à l’exception des lins d’hiver que la gelée a détruits. On n’en dit rien dans les autres élections.

On n’espère presque rien des safrans dans la partie de l’Angoumois où l’on cultive cette plante, la moitié des oignons ayant péri par la gelée, et ce qui reste ayant produit très-peu.

Bestiaux. — Malgré la disette des fourrages, dont on a rendu compte, les bêtes à cornes s’étaient jusqu’ici soutenues à un bon prix ; mais il n’est point à douter que cette disette, surtout si elle est accompagnée d’un hiver rigoureux, n’oblige beaucoup de particuliers à vendre leurs bestiaux, et n’en fasse par conséquent diminuer la valeur. On s’aperçoit même que, depuis quelques jours, le prix des vaches et des veaux commence à baisser.

Les bêtes à laine ont éprouvé tant de mortalité cette année et les précédentes, que la rareté de l’espèce est ce qui cause leur cherté.

L’espérance du gland, en plusieurs endroits de la généralité et dans son voisinage, a fait augmenter le prix des porcs. La vente de ces animaux et celle des bœufs gras fera, si le prix en est avantageux, la plus grande ressource de cette généralité.

Nous apprenons qu’il s’est déclaré des maladies contagieuses sur les bêtes à cornes, dans la subdélégation d’Eymoutiers et dans la paroisse d’Escars et ses environs, élection de Limoges. Si, malgré les précautions que l’on a prises pour les arrêter, le mal venait à se répandre, ce serait le plus terrible des fléaux pour la province.

Accidents particuliers. — Les grêles ont été moins fréquentes cette année que les précédentes. Par les procès-verbaux des officiers des élections, on trouve 18 paroisses grêlées dans l’élection de Limoges, 5 dans celle d’Angoulême, 4 dans celle de Tulle et 19 dans celle de Brive, ce qui fait en total 46 paroisses. D’ailleurs, ces grêles n’ont pas causé de ces dommages qui se font ressentir plusieurs années de suite ; mais le froid excessif de l’hiver dernier a fait de très-grands maux. On a lieu de croire qu’il a été au moins aussi fort cette année dans les provinces méridionales du royaume qu’il l’avait été en 1709. C’est surtout dans les élections d’Angoulême et de Brive, où la neige était moins épaisse, que les effets de la gelée se sont fait sentir d’une manière plus funeste.

1o Les blés semés trop tard ont péri par la gelée, ainsi que les avoines d’hiver, les lins, diverses espèces de légumes et de prairies