Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/699

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Nous croyons y avoir démontré clairement deux choses : l’une, que les fonds taillables payent au roi, en y comprenant les vingtièmes, de 45 à 50 pour 100 du produit total de la terre, et forment une somme à peu près égale à celle que retire le propriétaire ; l’autre, que cette charge est incomparablement plus lourde que celles que supportent les provinces voisines et un grand nombre d’autres provinces du royaume.

Des détails très-exacts, que nous nous sommes procurés, nous ont mis en état de faire une comparaison plus précise des impositions de l’Angoumois avec celles de la Saintonge. Cette comparaison, faite par cinq voies différentes, a toujours donné le même résultat à peu près ; c’est-à-dire que l’imposition de l’Angoumois est à celle de la Saintonge, sur un fonds d’égal produit, dans le rapport de 4 et demi ou 5 à 2.

Pour ramener les impositions de la généralité de Limoges à la même proportion que celles des autres provinces, il faudrait une diminution telle que nous n’osons la proposer. Nous nous sommes contenté de demander que, dans la répartition générale des impositions, la province fût soulagée d’une somme d’environ 600,000 livres, dont 350,000 environ sur la taille, et le surplus sur les autres impositions.

Nous sentons que, la répartition de cette année étant faite, il ne sera peut-être possible de rendre une pleine justice à la généralité de Limoges que dans la formation du brevet de 1767 ; mais nous espérons que Sa Majesté peut dès cette année, en cette considération, lui accorder un soulagement beaucoup plus fort sur le moins-imposé, d’autant plus que l’état actuel de la province a besoin des plus grands secours.

Elle n’a pas essuyé beaucoup de ces accidents qui, comme les grêles, se font sentir fortement à quelques cantons particuliers et sont nuls pour le reste de la province. Les maux qu’elle a essuyés sont d’une nature plus générale : les gelées excessives de l’hiver dernier en ont été le principe. Nous avons déjà dit que le froid avait été aussi rigoureux dans les provinces méridionales qu’il l’avait été en 1709. Les parties de la généralité de Limoges qui en ont le plus souffert sont les élections de Brive et d’Angoulême : la plus grande partie des vieilles vignes ont péri, et cette perte est d’autant plus inappréciable, qu’elle se fera sentir pendant plusieurs années. Les