Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/710

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accordée au commerce des grains ont mis la province en état de se rapprocher du cours ordinaire des recouvrements ; mais la masse des arrérages accumulés est encore très-forte, et la province, nous osons le répéter, ne peut s’en libérer qu’autant que le roi voudra bien venir à son secours, en diminuant d’une manière effective et sensible la masse de ses impositions.

Pour résumer tout ce que nous venons d’exposer, trois considérations nous paraissent solliciter, de la manière la plus puissante, les bontés de Sa Majesté en faveur de la généralité de Limoges.

La première est la surcharge ancienne et toujours subsistante de cette généralité relativement à ses facultés, et par comparaison à l’imposition des autres provinces ; surcharge que nous avons établie d’une manière démonstrative par un Mémoire présenté au Conseil en 1766.

La seconde est la misère où la mauvaise récolte de 1767, une des plus fâcheuses qu’on ait vues de mémoire d’homme, a réduit les habitants de cette province ; la perte immense que les propriétaires ont soufferte sur leur revenu, l’impossibilité où l’augmentation de l’imposition en 1768 a mis de les soulager d’une manière proportionnée à leur situation, et le besoin absolu qu’ils ont d’un secours effectif pour les mettre en état de respirer après tant de malheurs.

La troisième, enfin, est la masse d’arrérages forcés qui se sont accumulés sur le recouvrement des impositions pendant le cours de la dernière guerre, et qu’on ne peut espérer d’éteindre qu’en facilitant aux contribuables les moyens de s’acquitter sur le passé en modérant les impositions présentes.

Tant de motifs si forts nous paraîtraient suffisants pour devoir déterminer à saisir ce moment afin de rendre une pleine justice à la généralité de Limoges, en la remettant à sa proportion naturelle relativement aux autres provinces, c’est-à-dire en lui accordant une diminution effective de 600,000 liv., partagée entre la taille et les impositions ordinaires. Mais, si la circonstance des malheurs extraordinaires qui ont aussi affligé quelques autres provinces par les suites de la mauvaise récolte de 1767, nous empêche d’insister sur cette demande, nous osons du moins supplier Sa Majesté de vouloir bien procurer à la généralité de Limoges un soulagement effectif en lui accordant sur le moins-imposé une diminution plus forte que celle de l’année dernière, qui était de 220,000 liv.