Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tures dans ma généralité, pour l’engager à sous-traiter d’eux cette fourniture. L’incertitude où cette lettre me jette m’a empêché de conclure avec le sieur Michel le renouvellement du marché, et je me suis contenté de convenir avec lui qu’il ferait le service jusqu’à ce que je me fusse assuré du parti que vous prendriez.

Je ne puis certainement qu’applaudir au dessein où vous paraissez être de faire effectuer le transport des équipages de troupes à prix d’argent. Tant que le mauvais système de charger les provinces de ce service durera, l’on ne peut rien imaginer de mieux pour en rendre le fardeau moins difficile à supporter ; mais permettez-moi de vous dire qu’il s’en faut bien que je trouve les mêmes avantages au projet de charger une seule compagnie de cette fourniture dans tout le royaume. Il me paraîtrait bien plus simple d’autoriser les intendants à faire chacun un marché pour leur département, ainsi qu’en ont usé jusqu’à présent les intendants des provinces où ce service se fait à prix d’argent. J’ai vu d’assez près cette partie pour m’assurer que les détails sans nombre qu’elle exige ne sauraient être suivis par une seule compagnie qui embrasserait tout le royaume. Il y a même très-peu d’hommes, dans chaque généralité, qui réunissent, à la fortune que suppose une telle entreprise, l’intelligence qui est absolument nécessaire pour la remplir, et je doute que ce petit nombre d’hommes veuillent s’en charger à des prix qui ne leur promettent pas des profits certains ; s’ils consentent à sous-traiter d’une compagnie, il faudra donc ajouter à leur profit particulier celui des entrepreneurs généraux. Or, ce serait une augmentation de dépense en pure perte, quand même on supposerait que le service fût aussi bien fait.

J’ai lieu de croire que cette supposition s’éloigne beaucoup de la vérité, tant par la raison que j’ai déjà touchée de l’excessif détail qu’il entraîne, que par l’exemple de ce qui se passe sous mes yeux pour les étapes. Je suis convaincu que ce dernier service serait infiniment mieux fait et à meilleur marché, s’il était adjugé dans chaque province. Je me rappelle d’avoir écrit à la fin de 1765, à M. d’Ormesson, une lettre très-détaillée dans laquelle j’essayais de lui prouver l’avantage qu’on trouverait à supprimer la compagnie générale, et à faire une adjudication particulière dans chaque province. Je ne trouve pas sous ma main la minute de cette lettre[1] ;

  1. Nous ne l’avons pas retrouvée. On voit combien de pièces précieuses sur l’ad-