Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/297

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trois ans, et aurait un air de timidité que le roi doit éviter sur toute chose dans la circonstance.

Suite des observations du garde des sceaux. — Il me semble prouvé que l’on a senti d’avance une partie des observations que j’ai faites sur les articles 1 et II du projet. Au surplus, je crois que le mieux serait, au lieu de donner un édit, de faire dans toutes les généralités du royaume ce que M. Turgot a fait à Limoges, M. de la Corée à Montauban, M. de Fontette à Caen, lorsqu’il a eu corrigé son plan.

Il y a lieu de penser que tous les habitants corvéables préféreraient l’abonnement, et qu’il n’y aurait ni plaintes ni difficultés. On aurait en outre l’usage des ateliers de charité, que la plupart des seigneurs se feraient un plaisir de procurer, parce que cela ne donnerait aucune atteinte aux privilèges du roi et de la noblesse.

Réponse de Turgot. — Le plan de M. de Fontette a toujours été le même ; au surplus, ce que propose M. le garde des sceaux serait une très-mauvaise opération, très-embarrassante dans les détails, très-lente dans son établissement, qui laisserait subsister la surcharge des taillables, et qui dans ce moment joindrait, à tous les inconvénients de la chose, celui de sacrifier l’autorité du roi aux clameurs prématurées du parlement.

J’ai déjà répondu que la ressource de ce que font les seigneurs pour les ateliers de charité est presque nulle.


Édit du roi qui supprime les corvées, et ordonne la confection des grandes routes à prix d’argent. (Février 1776.)

Louis, etc. L’utilité des chemins destinés à faciliter le transport des denrées a été reconnue dans tous les temps. Nos prédécesseurs en ont regardé la construction et l’entretien comme un des objets les plus dignes de leur vigilance.

Jamais ces travaux importants n’ont été suivis avec autant d’ardeur que sous le règne du feu roi, notre très-honoré seigneur et aïeul. Plusieurs provinces en ont recueilli des fruits par l’augmentation rapide de la valeur des terres.

La protection que nous devons à l’agriculture, qui est la véritable base de l’abondance et de la prospérité publique, et la faveur que nous voulons accorder au commerce comme au plus sûr encouragement de l’agriculture, nous feront chercher à lier de plus en plus par des communications faciles toutes les parties de notre royaume, soit entre elles, soit avec les pays étrangers.

Désirant procurer ces avantages à nos peuples par les voies les