Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/520

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand arrondissement, sont dans le cas d’être trompés par les fausses déclarations et par l’intérêt général que tout le monde a de les induire en erreur relativement aux impositions. Ils n’ont aucun titre, ni droit, ni intérêt pour se mêler des chemins, ni de la police, ni des secours que réclame l’indigence.

D’ailleurs, ils annoncent toujours le gouvernement comme exigeant, comme la partie adverse de chacun ; au lieu qu’une administration, prise sur le lieu même pour la répartition de l’impôt, serait la partie de ses propres concitoyens ; et s’il s’élevait des différends, l’autorité souveraine n’aurait à y paraître que comme juge et protectrice de tous.

La nécessité de former cette administration de village, qui peut soulager votre gouvernement, sire, d’une fonction que le peuple regarde comme odieuse, et pourvoir en même temps aux besoins spéciaux de chaque lieu, me semble donc très-clairement établie par l’exposition même de la chose.

Mais sur quels principes l’administration municipale villageoise doit-elle être constituée, et qui sont ceux qui doivent y avoir part ? C’est une question fondamentale qui se présente, et dont je dois mettre la discussion sous les yeux de Votre Majesté.

Premièrement, il est clair qu’on ne doit pas y envoyer des officiers tirés d’un autre lieu, auxquels il faudrait donner des appointements ou des privilèges. — Ce serait une charge trop considérable pour les villages, et ce pourrait être une source de vexations, ou du moins de murmures. Les soins à prendre pour l’administration des villages sont à peu près de la nature de ceux que chacun prend volontiers soi-même pour gouverner son propre bien, et pour esquels il serait très-fâché qu’on lui donnât un officier public. Il paraît donc constant qu’on n’y doit employer que les gens du village même, qui ont intérêt à la chose, et pour lesquels son succès est une récompense bien suffisante.

Mais tous les gens du village doivent-ils y influer également ? C’est une seconde question, qui demande à être traitée avec un peu plus d’étendue.

Il semblerait au premier coup d’œil que tout chef de famille devrait avoir sa voix, au moins pour choisir ceux qui auraient à se mêler des affaires de la communauté dans laquelle il habite. Mais, indépendamment de ce que les assemblées trop nombreuses sont sujettes