Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/525

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100 francs pour deux, celui de 50 écus pour trois, et celui de 200 francs pour quatre.

Les assemblées de paroisses alors ne seraient ni trop nombreuses, ni tumultueuses, ni absolument déraisonnables. Une communauté actuellement embarrassante, et renfermant une centaine de familles, ou plus, se réduirait souvent à huit ou dix, même à cinq ou six personnes portant voix de citoyens, très-peu entièrement pour leur compte, et la plupart d’après la procuration des citoyens fractionnaires. Chacun de ceux-ci cependant y serait pour sa part, et en raison de l’intérêt que sa part pourrait lui donner ; et l’élection des citoyens chargés de voix se renouvelant tous les ans, on serait moralement sûr que les voix civiques seraient portées par les plus dignes et les plus agréables aux autres.

Si Votre Majesté permet aux citoyens fractionnaires de se réunir pour faire porter la voix, attribuée à une certaine somme de revenu, par un d’entre eux, et si cela semble juste pour que chacun des propriétaires des terres, quelque petite que soit sa propriété, puisse se flatter d’avoir une légère influence dans les délibérations qui lui importent, et en raison du rapport qu’elles peuvent avoir avec son revenu, il paraît être également équitable, et il serait surtout utile de permettre à ceux dont le revenu pourrait faire vivre plusieurs familles de citoyens, et qui par conséquent en occuperaient la place sur le territoire, de diviser idéalement leur voix, ou d’en porter autant qu’ils réuniraient en leur possession de portions complètes propres à entretenir une famille de citoyens ; en sorte que celui qui aurait 1,200 livres de revenu provenant du territoire d’une paroisse, porterait deux voix à son assemblée ; celui qui aurait 100 louis y en porterait quatre, et ainsi du reste. Cet arrangement paraît fondé sur la justice, puisque celui qui a quatre fois plus de revenu de biens-fonds dans une paroisse a quatre fois plus à perdre si les affaires de cette paroisse vont mal, et quatre fois plus à gagner si tout y prospère, et qu’il a ou doit avoir de même quatre fois plus à payer, tant pour les contributions publiques nécessaires au soutien de l’État, que pour les dépenses particulières de la commune.

Il est juste qu’un homme riche, qui a du bien et des intérêts dans plusieurs paroisses, puisse voter et faire fonction de citoyen dans chacune, en raison de l’intérêt qu’il y a. Il n’est pas plus étrange de voir un homme représenter plusieurs citoyens et en remplir les