Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/621

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cacher elle-même ; a mis dans la balance les astres, la terre et toutes les forces de la nature. Cet homme a trouvé un rival. Leibnitz embrasse dans sa vaste intelligence tous les objets de l’esprit humain. Les différentes sciences, resserrées d’abord dans un petit nombre de notions simples, communes à tous, ne peuvent plus, lorsqu’elles sont devenues par leurs progrès plus étendues et plus difficiles, être envisagées que séparément ; mais un progrès plus grand encore les rapproche, parce qu’on découvre cette dépendance mutuelle de toutes les vérités, qui, en les enchaînant entre elles, les éclaire l’une par l’autre ; parce que, si chaque jour ajoute à l’immensité des sciences, chaque jour les rend plus faciles ; parce que les méthodes se multiplient avec les découvertes ; parce que l’échafaud s’élève avec l’édifice.

Ô Louis ! quelle majesté t’environne ! quel éclat ta main bienfaisante a répandu sur tous les arts ! Ton peuple heureux est devenu le centre de la politesse. Rivaux de Sophocle, de Ménandre, d’Horace, rassemblez-vous autour de son trône ! Académies savantes, naissez ! unissez vos travaux pour la gloire de son règne ! Quelle multitude de monuments publics, de productions du génie, d’arts nouveaux inventés, d’arts anciens perfectionnés ! Qui pourrait suffire à les peindre ! Ouvrez les yeux et voyez ! Siècle de Louis le Grand, que votre lumière embellisse le règne précieux de son successeur ! Qu’elle soit à jamais durable, qu’elle s’étende sur tout l’univers ! Puissent les hommes faire sans cesse de nouveaux pas dans la carrière de la vérité ! Plutôt encore puissent-ils devenir sans cesse meilleurs et plus heureux !

Au milieu de ces vicissitudes des opinions, des sciences, des arts et de tout ce qui est humain, jouissez, messieurs, du plaisir de voir cette religion à laquelle vous avez consacré vos cœurs et vos talents, toujours semblable à elle-même, toujours pure, toujours entière, M perpétuer dans l’Église, conserver tous les traits du sceau dont la marquée la Divinité. Vous serez ses ministres, et vous serez dignes d’elle. La Faculté attend de vous sa gloire, l’Église de France ses lumières, la religion ses défenseurs : le génie, l’érudition et la piété s’unissent pour fonder leurs espérances.


GÉOGRAPHIE POLITIQUE[1].

Idées générales. — 1o Le rapport de la géographie physique à la distribution des peuples sur le globe, à la division des États. Vue générale de la division des peuples considérée historiquement. De la formation des États, de leurs réunions. Principes de ces réunions tirés du droit public, combinés

  1. Les morceaux suivants ne sont que des esquisses que M. Turgot avait commencées en Sorbonne, ou dont il avait occupé ses loisirs peu de temps après en être sorti, mais auxquelles les affaires ne lui permirent plus ensuite de mettre la dernière main.

    Il avait commencé celle qui regarde la géographie politique pour un de ses condisciples qui avait eu le dessein de composer un ouvrage sous ce titre, et qui fut effraye de la manière étendue dont M. Turgot aurait voulu qu’il fût traité, et de ce qu’il n’en formait que la seconde partie d’une suite de travaux dont le premier aurait été l’histoire universelle, et le dernier aurait embrassé toute la science du gouvernement.

    L’amitié, que M. Turgot a plus inspirée et surtout mieux ressentie qu’aucun autre homme que j’aie connu, a beaucoup contribue à l’emploi de son honorable vie. Il s’engageait pour ses amis à des projets dont il traçait tous les détails avec un zèle infati-