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Guerres des peuples policés avec les barbares. Conquêtes rapides dans un grand espace, et peu durables par le défaut de liaison entre leurs différentes parties.

Que la conservation à certains égards est une conquête perpétuelle, et suppose par conséquent une aptitude perpétuelle à conquérir, une force constante et toujours appréciable, quoique dans un degré inférieur.

Conquêtes moins étendues et renfermées entre des limites naturelles. États médiocres, établissement des capitales. Premiers liens du gouvernement despotique. L’asservissement d’un peuple suppose toujours dans l’État une partie opprimante qui, dans les mains du prince, est l’instrument de l’oppression. Cette partie est ou un peuple particulier dominant par la force de sa situation ou de son caractère, ou un peuple conquérant répandu ans toute l’étendue du pays conquis, ou simplement un corps de troupes disciplinées. Ce dernier moyen est d’autant plus rare, qu’on remonte plus haut dans l’antiquité, parce que, dans l’art militaire comme dans les autres, les premiers éléments appartiennent à tous les hommes, les progrès seuls y mettent des différences.

Du gouvernement des provinces dans les États médiocres et dans les grands empires formés par des conquêtes. Rapport de la forme du gouvernement à l’étendue des États. Despotisme des grands empires nécessaire dans les premiers temps. Effets du despotisme sur les mœurs civiles. Sur la pluralité des femmes. Causes du despotisme dans certains pays, tels que l’Asie, etc. 1o La nature du pays et la trop grande facilité des conquêtes par l’étendue des plaines et la distance trop grande des barrières que la nature a mises entre les nations. 2o Le progrès trop rapide de la société dans ces contrées, et l’art de conquérir perfectionné avant que l’esprit humain fut assez avancé pour avoir perfectionné l’art de gouverner, avant que les petits États eussent un gouvernement fixe qu’un conquérant pût laisser subsister, avant que les peuples sussent former des ligues et s’associer entre eux pour défendre leur liberté, avant que les conquérants trouvassent des peuples déjà policés dont ils fussent obligés d’adopter les mœurs et les lois.

Digression sur les climats ; combien leur influence est ignorée. Danger qu’il y aurait à faire usage du principe trop adopté sur cette influence. Fausses applications qu’on en a faites au caractère des peuples et de leurs langages, à la vivacité de l’imagination, à la pluralité des femmes, à la servitude des Asiatiques. Vraies causes de ces effets. Nécessité d’avoir épuisé les causes morales avant d’avoir droit d’assurer quelque chose de l’influence physique des climats. De l’influence morale des climats par les objets qu’ils nous présentent. Différence de l’influence des climats d’avec les effets de la situation, qui sont la première donnée dans tous les problèmes de la géographie politique. Utilité de cette digression.

Réflexions générales sur la manière dont les différents génies des peuples doivent entrer dans le plan de la géographie politique. Réflexions générales sur la manière dont les nations, d’abord isolées, ont porté leurs regards autour d’elles, et sont parvenues peu à peu à se connaître de plus en plus. Progrès dans l’étendue des connaissances géographiques relatives aux états successifs du genre humain. Des principaux rapports qui peuvent unir les peuples ; voisinage, commerce. Désir de conquérir, craintes réciproques, intérêts communs. Que chaque peuple qui a devance les autres dans ses progrès est devenu une espèce de centre autour duquel s’est formé comme un monde