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réponse. Je crains pourtant que la lettre[1] n’ennuie si fort par sa longueur, qu’on laissera là l’examen de la traduction. J’ai peur aussi que, si l’on devine, la chose ne soit divulguée et l’auteur connu. Mandez-moi, je vous prie, si vous avez fait partir la lettre, et renvoyez-moi l’original, que je suis bien aise de garder. Vous ne me marquez point si vos affaires sont enfin arrangées avec M. de Boisgelin, ni si vous êtes contents l’un de l’autre. Vous ferez bien de profiter de votre séjour à Paris pour faire un petit cours de politique sous la direction de l’abbé de Mably.

Si vous voyez Mme Blondel[2], vous pouvez lui faire voir les vers métriques ; je suis curieux de savoir comment elle trouvera l’églogue. Elle a vu quelques vers de Didon ; peut-être tout cela est-il déjà parti pour Ferney.

Si vous avez mon manuscrit sur la Richesse, je vous prie de me le renvoyer. M. Dupont vous en donnera un exemplaire imprimé. Il y a, à la page 96 du volume de décembre des Éphémérides, une phrase que je trouve louche et inintelligible. Je soupçonne qu’il y a deux ou trois lignes de passées, et je ne puis y suppléer.

Fayel est par trop mauvais. Du Belloy est un Corneille en comparaison. Je n’ai pas été fort content de la pièce de M. de La Harpe, et je vous avoue que le curé me paraît un caractère manqué et déplacé dans la pièce. S’il était ce qu’il doit être, la fille ne s’empoisonnerait pas et ne serait pas religieuse. Mais que les discours de cette malheureuse, dans la scène avec le curé, sont beaux ! cela dédommage de tout et vaut une pièce entière.

On m’a mandé que l’abbé Morellet dépérissait beaucoup. Donnez-m’en, je vous prie, des nouvelles. J’en suis d’autant plus fâché qu’il réponde à l’abbé Galiani, dont au reste je persiste à trouver la forme très-agréable et le fond détestable.

Vous me ferez plaisir de souscrire pour les Récréations mathématiques.

Dites aussi au relieur de prendre pour moi le volume de l’Académie des sciences de 1766, et de me l’envoyer. Vous pouvez vous en charger, et me l’envoyer ou contresigné : Boutin, ou par l’occasion de quelque Limousin.

M. Des Resnaudies s’est chargé de demander vos livres à sa sœur.

Avez-vous vu la traduction de la description des glaciers, par M. de Keralio ? Desmarets vous fait mille compliments.

Je voudrais fort avoir le nouvel ouvrage du P. Beccaria, sur l’électricité, qui est annoncé dans le dernier Journal des Savants.

Adieu : vous connaissez tous mes sentiments.


Lettre II. — Au même. (À Limoges, le 6 avril 1770.)

Je vois avec grand plaisir, mon cher Caillard, que M. de Boisgelin et vous êtes contents l’un de l’autre. M. de La Bourdonnaye étant fait pour être placé ne peut vous faire aucun tort ni retarder votre avancement, pourvu que M. de Boisgelin suive la carrière. Je suis fort aise que vous ayez espérance de

    écrit portant le titre d’Éclaircissements sur la versification allemande et sur la nature de la prose mesurée dans laquelle sont écrits les ouvrages poétiques de M. Gessner. (E. D.)

  1. La lettre adressée par Turgot à Voltaire.
  2. Mme Blondel était, autant que nous pouvons croire, la femme d’un intendant des finances de ce nom. (E. D.)