Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/89

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pas possible de connaître exactement à la fin de 1770 la balance exacte de la perte ou du gain, et je n’ai su qu’en arrêtant les comptes de 1771, que la perte totale sur les achats de grains faits en 1770 s’est réduite à une somme de 3,630 livres 1 sou 7 deniers : cet article sera compris dans le tableau général de l’opération à l’époque actuelle du mois de novembre 1771.

À celle du mois de septembre 1770, le sieur François Ardent était en avance de 68,392 livres sur les achats dont les fonds ne lui étaient pas rentrés en totalité ; il restait d’ailleurs à rentrer les 28,000 livres d’avances que j’avais faites à différentes villes, et de plus environ 18,000 livres sur les sommes reçues par les sieurs Petiniaud et Michel de la vente des grains venus d’Amsterdam et de Nantes ; mais ces dernières sommes sont rentrées peu de temps après. Il s’en fallait donc d’environ 115,000 francs que la totalité des fonds accordés pour l’approvisionnement ne fût rentrée ; mais il restait environ 15,000 setiers de seigle, mesure de Limoges, qui, à ne les estimer que 7 livres le setier, valaient 105,000 livres, et qui par l’événement ont produit un peu davantage.

Opérations de 1771. — Sur le compte que j’eus l’honneur de vous rendre du mauvais état de la récolte de 1770 dans toutes les provinces où le seigle forme la principale production, et surtout dans le canton de la Montagne, vous eûtes la bonté de m’autoriser, dès le mois d’août, à continuer de faire venir des grains pour les besoins de l’année 1771, et vous voulûtes bien me laisser pour cet objet les 200,000 livres que vous m’aviez accordées pour l’approvisionnement de 1770.

De plus, vous destinâtes, sur le moins-imposé de 1771, une somme de 80,000 livres à l’établissement de plusieurs ateliers de charité dans les cantons les plus affligés, afin de procurer, par ce moyen, aux pauvres, des salaires qui les missent en état de vivre.

L’excessive cherté des grains dans le Nord et en Hollande, les prohibitions de sortie faites dans une partie des ports de la mer Baltique, et les obstacles qu’avaient mis à ce commerce, à la fin de 1770, les craintes prématurées de la contagion qui s’était manifestée dans quelques provinces méridionales de la Pologne ; toutes ces circonstances ne permirent pas d’exécuter le projet que j’avais eu d’abord de tirer une grande quantité de grains du Nord ; il fallut tourner toutes ses vues du côté des ports de Bretagne, où cependant